"Mon
corps dans mes rapports avec le monde au quotidien"
- atelier du 06 janvier 2007
1) Préambule
et fonctionnement d'atelier
2) 1er sous-thème : mon
apparence à travers les vêtements
3) le deuxième sous-thème
: « ma réalité corporelle au quotidien
et en public, après l’inceste
3- Mes limites et empêchements
corporels dans les contacts et positions au quotidien
1) Préambule
et fonctionnement d'atelier
Psychologue : On commence, comme à chaque début
d’atelier, on relit le texte concernant, effectivement,
la logique et la conduite de ces ateliers, donc :
1. La logique des ateliers : les ateliers sont une
opportunité pour les acteurs, victimes d’inceste,
et leur entourage impacté par les pratiques
incestueuses de partager, sur leur expériences
dans un contexte d’écoute, libéré
de toute contraintes morales
2. La périodicité des ateliers : les
ateliers sont proposés sur une périodicité
trimestrielle avec une proposition thématique,
la durée de deux heures et demie, doit permettre
la participation active au niveau de la parole, comme
de l’écoute des acteurs.
3. L’utilité des ateliers : Il s’agit
de l’accueil non restrictif de l’ensemble
des paroles des victimes de pratiques d’inceste
dans leur dimension de connaissance psychologique
et émotionnelle, sociale, socio-professionnelle
…
4. La parole dans les ateliers : la parole ainsi que
les silences sont offerts aux acteurs sur la base
de leur désir avec une régulation du
temps liée au nombre de participants et aux
thèmes de l’atelier. Le recueil de la
parole, l’ensemble du discours pendant les ateliers
est enregistré afin d’en permettre une
retranscription fidèle qui permettra la réalisation
de synthèses thématiques.
4. La synthèse de la parole : Dans un premier
temps, ces synthèses ont pour objectif, pour
chaque membre de l’atelier pour pouvoir, s’ils
le souhaitent retrouver sa parole, de garder sa parole,
de trouver – peut-être d’une nouvelle
manière, par une nouvelle écoute de
l’autre- de positionner sa parole et son expérience
au sein de la parole des autres. Dans un deuxième
temps, elles ont aussi pour objectif de permettre
une lecture plus large, mais aussi plus complète
des connaissances, expériences, ressenties
par l’ensemble des acteurs concernés
par la problématique des conduites incestueuses.
Il s’agit de communiquer l’expertise,
et de communiquer sur l’expertise du discours
non programmé, des acteurs victimes. Dans un
troisième temps, elles permettront dans le
cadre d’une démarche scientifique au
plus proche de la parole des acteurs, une analyse
des discours sur le vécu des victimes en vue
de publication.
Je tiens à préciser, qu’effectivement,
lors des retranscriptions, l’ensemble de la
parole des acteurs est anonymisé, on change
les prénoms, les lieux, les dates, de manière
à ce qu’il n’y ait pas, je veux
dire, de traces nominatives. La deuxième chose,
c’est qu’effectivement, un des éléments
auquel, nous devons être attentif, c’est
de bien laisser chaque acteur aller jusqu’au
bout de sa parole. Souvent on a, effectivement, des
questions ou des remarques qui sont importantes pour
les interactions dans ces ateliers. Simplement, il
faut qu’on soit tous vigilants, que l’acteur
ait bien été jusqu’au bout de
sa parole, dans un premier temps, avant qu’on
interagisse avec lui.
On a un thème avec trois
sous-thèmes sur lequel on va s’accorder
un temps d’à peu près trente-cinq
minutes, par sous-thème. On fera une pause.
En général, on fait une pause à
la fin du deuxième sous-thème, mais
je vous poserai la question à la fin du premier
sous-thème. Voilà. Dernière petite
remarque : effectivement, c’est enregistré.
Par contre, on demande à l’ensemble des
acteurs de ne pas prendre de notes personnelles pendant
ces ateliers. Je vais vous donner le thème
d’aujourd’hui, qui a été
un peu modifié tout en restant exactement dans
la même logique par rapport à ce qui
a été sur le site.
Donc le thème général, c’est
« mon corps dans mes rapports avec le monde
au quotidien »
Le premier sous-thème, c’est : «
mon apparence à travers mes vêtements
», le deuxième sous-thème sera
: « ma réalité corporelle au quotidien
et en public », je veux dire après l’inceste
et le troisième sous-thème sera : «
mes limites et empêchement corporels dans les
contacts et positions au quotidien », Je vous
propose qu’on commence.
1er sous-thème
: mon apparence à travers les vêtements
Psychologue : En sachant, juste
une petite précision, que mes vêtements,
je veux dire, au sens large du terme, ça correspond
aussi, effectivement l’apparence,ça peut
être, effectivement, le maquillage, la coiffure,
vraiment la vision au sens large.
… Qui a envie de …. ?
Mireille : Moi, je veux bien
commencer, moi, j’ai envie de dire mes vêtements…
enfin, inaudible… ben, bon, ce qui m’inspire
de ça, c’est que je me cache dans mes
vêtements, donc j’ai toujours porté
des pantalons, je suis toujours en pantalon, je ne
mets plus de jupes, des tuniques, enfin, là,
comme j’ai une veste… enfin, donc il faut
que je me cache dans mes vêtements. Voilà…
par rapport au maquillage, bon, c’est pas quelque
chose que je me suis autorisée, peut-être
pour pas séduire, pour être… ou
pour ne pas me faire remarquer, donc je me maquille
peu ou rarement ou pas du tout…je me dis souvent
: je devrais faire des efforts, je devrais mieux me
soigner…. Inaudible…Autrement, ben, les
vêtements pour moi, ben, j’achète
toujours…, j’aime pas acheter de vêtements,
j’achète toujours quand je n’ai
plus le choix et que je suis obligée d’acheter,
mais j’achète toujours des tuniques,
des trucs comme ça, large, pour pas qu’on
me voit.
Psychologue : Merci
Irène : Mes vêtements,
c’est une question que je me suis posée
récemment car j’ai, l’impression,
depuis quelque temps, fait un lien avec le travail
sur l’inceste, le personnage que je suis maintenant.
J’avais onze douze ans - justement pour revenir
à des vêtements très neutres-
alors … j’avais , en ce qui me concerne,
un rapport avec les vêtements…très
sexualisé, depuis assez jeune. C’est
clairement mon père qui m’a mise sur
cette voie-là, d’une façon très
ambivalente, puisque j’étais habillée…
mon père me regardait le plus possible, évidemment,
… et par contre, il m’interdisait de m’exhiber
à l’extérieur. J’ai eu très
vite des interdits, enfin, très vite…
quand j’ai voulu m’habiller autrement,
enfin m’habiller … puis surtout quand
j’avais un corps …de jeune femme. Quand
j’étais petite, justement, j’étais
assez… justement, on se moquait de moi, en sixième
parce que je portais de jupes courtes et que c’était
plus la mode à cette époque-là.
Mes parents, tant que j’avais encore un corps,
un petit peu de petite fille, puisque j’étais
assez maigre et pas du tout formée à
onze ans, donc ils me laissaient, au contraire sortir,
habillée comme une sauvageonne…inaudible…
et à partir du moment, à la puberté,
quand j’ai commencé à ressembler
à une jeune femme, ça a été
très clairement efficient, c’est-à-dire
que mon père faisait, nettement des remarques
sur mon aspect physique, des compliments, des choses
comme ça. Il a pris des photos de moi dénudée,
avec le prétexte de faire des photos artistiques,
soit complètement nue, soit avec des espèces
de vêtements de choses transparentes ou des
trucs comme ça. Et par contre, il m’interdisait,
-quand j’ai commencé, je me rappelle,
j’ai reçu une gifle j’avais déjà
dix-huit ans,- parce que j’avais acheté
une jupe trop courte, il m’interdisait de me
maquiller. Et donc quand j’ai commencé
à sortir, que j’ai vécu seule,
même quand je vivais encore chez eux, j’avais
commencé à m’habiller en adulte,
j’ai enchaîné sur cette façon
de m’habiller, très provoquant. Enfin
à la limite de la provocation, il fallait toujours
que ce soit très sexy. C’est-à-dire
que je montrais mes jambes, souvent en décolletée,
le cheveux très longs. J’étais
toujours maquillée ; J’ai appris à
porter de talons hauts, parce que je n’étais
pas à l’aise dessus, mais, j’en
portais parce que ça me paraissait la seule
manière d’être, donc à l’inverse
de l’idée de se cacher, je voulais être
regardée que si j’assurais une façade
impeccable et particulièrement féminine,
quoi… avec une accentuation de tous les signes
féminins : les cheveux longs, les talons hauts,
les décolletés. J’ai jamais porté
de soutien-gorge, des choses comme ça. Pour
moi, c’était clairement un besoin d’exhiber
de me montrer, parce que j’avais l’impression
de ne pas exister si je n’étais pas habillée
comme ça. Quand j’ai commencé
à travailler, puisque j’étais
enseignante, je me suis au contraire habillée
avec des choses très neutres, très grises,
parce que j’avais très peur du regard
de mes élèves masculins notamment sur
moi. Et là par contre, je me sentais très
très mal, j’avais l’impression
de ne plus exister quand j’étais habillée
comme ça. C’était pour moi, un
supplice. Et puis depuis quelque temps, en effet,
j’ai éprouvé le besoin de m’habiller
d’une façon pas vraiment cachée,
mais maintenant, pour moi, il y a un contrainte, de
mettre une jupe, des talons hauts, quelque chose comme
ça. Pour me sentir bien, il faut que mes vêtements
soient en quelque sorte,je dirais peu… qu’ils
ne soient pas non plus épais. Ça me
rappelle aussi quelque chose de l’ordre de se
cacher, mais pas contre le pantalon, un pull, un «
pantalon-tee-shirt », des bottes ou des chaussures
pour moi, j’ai l’impression que c’est
une tenue dans laquelle j’ai l’impression
de ne plus penser à mes vêtements….
Inaudible… Il y a exactement l’idée
d’assurer une apparence, de ne pas pouvoir être
regardée ou regardable, je suis pas jolie,
désirable ou tout ça. C’est quelque
chose, finalement, que j’ai tendance à
considérer un petit peu, comme frivole et en
même temps ça m’a occupée
pendant des années à chercher l’équilibrage
entre la façon dont je me présentais
à l’extérieur, pour me sentir
à la fois regardée et aussi bien moi
et pas juste une espèce d’effigie de
moi que je donnais à voir. Voilà ce
que ça m’inspire !
Psychologue : merci
Valentine : Dans mon cas, très
jeune, c’est ma mère qui gérait
tout, y compris mes vêtements. Pendant très
longtemps, le matin, mes fringues étaient prêtes,
c’était elle qui choisissait. Il y avait
un côté très pratique et c’est
resté longtemps « vêtement égal
pratique » , et absolument pas esthétique,
en tous cas. Pendant longtemps, j’ai choisi
des vêtements qui dissimulaient bien. J’étais
beaucoup plus ronde, donc… rien de féminin.
Quand j’ai voulu mettre un peu de choses féminin…j’ai
été obligée de me cacher. Je
mettais mes fringues dans mon sac et avant d’arriver
à l’école, je me changeais. C’était
la technique, mais en même temps, c’était
pas pratique. Finalement, les fringues, c’est
resté très longtemps un état,
c’était côté pratique, je
cherchais pas spécialement un style. Par contres
ces dernières années je suis devenue
beaucoup plus exigeante vis-à-vis de moi. Effectivement,
je fais de plus en plus attention à mes vêtements,
je suis de plus en plus exigeante sur la qualité,
la mise en valeur, et deviens beaucoup plus féminine.
Sinon, au contraire, j’assume beaucoup plus
ma féminité, j’ai envie de l’exposer,
mais en même temps je fais attention à
ce que… d’éviter les provocations
qui m’attireraient des regards qui me mettraient
mal à l’aise ou quoi que ce soit. Quand
je prends le métro, je fais quand même
attention et le rythme de vie … le côté
pratique, la vie parisienne, courir, prendre le métro,
Mais de plus en plus, je me suis achetée une
robe dernièrement, je l’ai pas encore
mise, elle est dans le placard. J’m’en
étais achetée une, il y a très
longtemps -rires- et que je n’ai toujours pas
mise, mais ça vient quoi ! J’ai envie
d’être beaucoup plus féminine avant
de me faire plaisir à moi avant de trouver
les vêtements qui me correspondent, qui correspondent
à mon caractère, mais en même
temps, ça veut dire aussi définir le
caractère. C’est beaucoup d’évolution,
beaucoup de recherches, actuellement. C’est
plutôt plaisant parce que j’aime de plus
en plus acheter des fringues -rire- C’est super-agréable.
Voilà ! ça se passe bien !
Psychologue : Merci
Natahalie : alors moi, adolescente,
j’ai… je me cachais parce que j’avais
une poitrine beaucoup plus imposante, donc, du coups
comme j’avais droit à des remarques,
à du harcèlement quotidien, L’avantage,
c’est que c’était la période
des jeans larges, des tee-shirts larges, j’étais
tout à fait dans le style de la mode, donc
moi j’pouvais me cacher tranquillement. Et par
contre, ce qui était très étrange,
là, je partais en féria avec ma mère,
régulièrement dans l’année,
et là je m’autorisais le droit d’avoir
des jupes, des robes… comme une princesse pour
aller dans l’arène. J’avais deux
tenues pour la journée, une dans la journée
et une pour sortir le soir avec ma mère. Là,
j’avais une féminité très
développée au contraire de mon quotidien
à l’école. Et puis arrivée
en seconde, j’ai… je me suis retrouvée
dans un endroit où il y avait mille personnes.
Plus personne ne me regardait. Je devenais une inconnue.
Donc j’ai pu me libérer des vêtements
amples et larges, pour commencer à me féminiser
un petit peu. Je me suis très peu maquillée.
Je trouve que c’est une perte de temps, le matin,
donc j’me maquille pratiquement jamais. Pour
les fêtes, j’oublie. C’est vrai
que c’est quelque chose qui me passe un peu
au-dessus de la tête. Et c’est vrai que
j’passe plutôt, ces dernières années
entre …des périodes où je vais
être sexy, bien maquillée, avec des bottes,
des pantalons, de jupes, des robes et m’assumer
complètement face au regard des autres. Il
y a des moments où je vais complètement
me rendre… invisible, quoi ! voilà avec
le fameux jean, le pull épais, mais j’ai
un truc super-mignon en dessous, mais c’est
vrai que … je passe par ces phases-là
très régulièrement. Et le seul
moment où je m’accorde à être
super bien habillée, c’est aux fêtes,
les jours de l’an, les anniversaires, les fêtes
des ami(e)s, Là j’ai toujours des robes
absolument délirantes, du transparent, au super-moulé,
avec des décolletés de fou, des jupes
fendues. En général, mes amis oublient
rarement les robes que je porte pendant les fêtes…
et la police aussi… pour les tapages nocturnes.
Donc en général, ils sont un peu tranquilles.
Bon voilà ! j’arrive pas à être
équilibrée vis-à-vis de ça.
Effectivement, soit, je suis très bien habillée
dans le quotidien. On me dit si j’ai quelque
chose d’important ? en fait, non, j’vais
juste travailler, j’avais juste envie d’être
jolie. Ou alors, effectivement, je me cache, pendant
des jours et des jours, surtout l’hiver. L’été,
pour moi, c’est beaucoup plus pratique. J’suis
toujours en robe, je ne supporte pas le pantalon,
l’été. Ça aussi c’est
une histoire de saison, Voilà, j’aimerais
bien arriver à un équilibre tout au
long de l’année. Inaudible … Voilà
!
Delphine : Merci
Lise : je voudrais dire que toujours
mes vêtements étaient liés à
une question : argent. Quand j’étais
petite, j’étais toujours habillée
avec les vêtements qu’on nous donnait
parce qu’on était trop pauvres pour en
acheter. Donc ça a été jusqu’à
mes dix-sept ans, où j’ai quitté
l’école. Après, lorsque j’ai
travaillé, j’ai commencé à
acheter. Et c’était toujours du classique
et après je me suis fabriquée mes vêtements.
J’ai acheté une machine à coudre
exprès pour les fabriquer. C’était
toujours du classique. J’ai remarqué
que je me suis parfois acheté des très
très beaux vêtements, de belle qualité,
alors chers. Là je les ai mis une fois, deux
fois. Ainsi, par exemple dans mon armoire, j’ai
trois tenues, qui sont superbes et que je n’arrive
pas à… je donne toujours les vêtements
que je ne mets plus, même parfois de très
bonne qualité. Et ces trois-là très
chers, je les garde et je ne les mets jamais. J’ai
pas encore analysé pourquoi, les vêtements
chers et beaux, je n’arrive pas à m’en
vêtir et me présenter avec.
Psychologue : merci
Stéphanie : Moi, je voudrais
dire que par rapport aux vêtements, j’en
suis quelquefois à me changer deux, trois fois
par jour. C’est vrai que je suis souvent dans
mes placards… Il n’y a qu’un moment
où je suis bien, c’est quand je vais
m’acheter des vêtements parce que je ne
mets que du neuf et ça me plaît beaucoup.
Après, quand j’ai porté les choses,
quelques fois, je peux sortir quatre pantalons, je
ne trouverai pas le bon qui me convient parce que
je… j’ai toujours une impression d’être
sale avec. En ce moment, c’est comme ça.
Je ne peux pas parler de mon enfance parce que je
ne m’en souviens pas. Mais cet été,
j’ai beaucoup fait ça, changer trois
fois par jour de vêtements. Avant de venir je
me suis rechangée. Et c’est pas pour
ça que je me sens bien. Je crois que je trouve
pas ce que je veux, donc voilà !
Psychologue : Merci
Judith : Moi, c’est une
question qui a énormément évolué
pour moi, les vêtements. Déjà
quand j’étais pas tout à fait
adolescente, mais presque adolescente, ma mère
avait tendance à me donner ses vêtements,
des robes… que je mettais parce que j’étais
bonne…bonne… comment dire ? …très…on
ne peut plus obéissante donc je portais ces
vêtements, mais j’avais vraiment l’impression
d’être déguisée. Et, quand
j’allais m’acheter des vêtements,
je savais pas comment me regarder dans la glace. Je
demandais à la vendeuse de .. si ça
m’allait, j’savais pas choisir et je choisissais
des choses complètement…. Avec du recul,
je vois bien, aujourd’hui, je me dis : comment
j’ai pu choisir ça ? d’abord, c’est
moche, ce qui m’étonne, c’est ma
capacité à porter un jugement, aujourd’hui
sur ce que j’achetais, alors qu’à
l’époque, je ne le pouvais pas. Au niveau
des couleurs, au niveau de la matière, au niveau
du dessin du vêtement. Ça a complètement
changé. Ça a changé, je crois,
à partir du moment où j’ai changé,
en fait, de comportement par rapport aux vêtements
un peu difficiles à porter qui étaient
ma peau. Et à partir du moment, où j’ai
commencer à aimer, en fait, et là, je
me suis regardée différemment dans le
regard de l’autre et ça m’a permis
d’aimer ce que j’achetais pour moi et
de pouvoir le porter et d’avoir du recul par
rapport à ce que je voulais mettre sur moi,
comme peau supplémentaire. Et tout ça,
ça s’est fait progressivement. Ça
s’est vraiment étalé dans le temps.
Un vêtement que j’ai vraiment eu beaucoup
de mal à porter, c’était le maillot
de bain. Je savais pas trop comment ça se portait.
J’prenais des maillots, une pièce. Mais
même, aller à la plage et porter quelque
chose, c’était vraiment, vraiment, oui
porter quelque chose. J’savais pas trop comment
faire, quoi ! rire. Me mettre dans l’eau avant
d’être sur la plage. Voilà ! J’aime
les vêtement aussi. J’aime le plaisir
qu’ils procurent, de les porter, et de les regarder,
aussi… dans les placards et puis de les choisir,
surtout. Merci.
Psychologue : merci
Delphine : Moi, je vais dire
un mot…inaudible…plus tellement la féminité,
mais plutôt à être sexy ou ne pas
être sexy. Etre sexy, c’est hyper-angoissant,
en fait, c’est pas du tout acceptable pour moi.
J’peux faire des efforts, j’aime bien
les beaux vêtements, plutôt class. Mais
sexy, j’ai l’impression d’être
un objet. Quoi ! tout de suite, donc c’est pas…
Alors ça, ça se traduit, concrètement,
c’est-à-dire, jusqu’à il
y a deux étés, j’ai jamais pu
mettre de débardeur ou de truc où on
montre les épaules, des décolletés,
ça c’est impossible, ça me paraissait…
alors qu’en fait, il y a des débardeurs
pas du tout sexy. Ça ne me dérange plus.
Montrer ma peau, c’était pas possible,
je n’ai pas pu mettre de sandales. Montrer mes
orteils, ben, je pouvais pas , en fait, c’était
trop nu. Je pouvais mettre des bermudas, tout ça,
mais pas des jupes. Tout ça c’est passé
: je mets que des jupes l’été.
J’pouvais pas mettre des collants non plus,
parce que, je sais pas… j’ai peur , c’est
bizarre d’ailleurs… qu’on me les
enlève. Enfin, j’ai peur d’être
agressée quand j’ai des collants qu’on
me … ça ma rappelle : mon grand-père,
il me retirait mes collants, j’crois, alors
je peux pas mettre de collants et l’été,
je peux mettre de jupes. Donc, ce serait plutôt
…ça dès que j’ai pu me dévêtir
en vieillissant peut-être. J’avais spécialement
besoin que mes vêtements soient trop grands,
mais pas montrer trop de peau. Maintenant, ça
va. J’ai toujours, pas du tout envie d’être
sexy. Je vois pas pourquoi, en plus … je vois
bien, même idéologiquement, je me fais
tout en truc. Pourquoi, je voudrais être sexy
? Je n’ai pas envie de donner cette apparence,
de montrer ça. Ça ne me dit pas du tout.
Voilà.
Psychologue : Merci
Maud : Je voudrais juste rajouter
quelque chose. J’ai la boulimie des vêtements.
J’achète, j’dirais quasiment tout
le temps, Si c’est pas un vêtement, c’est
des chaussures, parce qu’effectivement, j’ai
aussi ce souci de … très rapidement,
j’vais ouvrir mon armoire et me dire : qu’est-ce
je vais me mettre, je n’ai rien à me
mettre Et effectivement, j’ai.. il m’arrive
d’avoir de robes, des vêtements que j’vais
mettre une fois et je me refuse d’acheter, car
je me dis, je vais les remettre. J’ai tellement
de choix que du coup, je ne peux pas tout mettre.
Ça s’est… je me suis aperçue
que j’avais, c’était compulsif
d’acheter après mes séances de
psy. C’était pas pratique parce que mon
psy était rue…donc j’avais…
pour moi, c’est le paradis là-bas, des
fringues à vingt euros, des chaussures à
trente, il y a toujours de soldes… voilà
! Ma séance coûtait quatre-vingts euros,
au lieu de me coûter quarante quoi ! C’était
ça, quasiment systématique. Là,
je me suis un peu calmée et maintenant, j’essaie
d’acheter à bon escient. Voilà
! c’est difficile, je sais pas ce que je fais
passer dans mes achats compulsifs, mais j’sais
que ça encombre beaucoup mon coffre. Voilà
!
Psychologue : Merci
Christiane : Moi, j’ai
toujours été d’une façon
classique. Ma mère, faut dire, m’interdisait
d’avoir des vêtements sexy, j’étais
toujours bon, hyper, hyper classique. En plus, il
y a une quinzaine d’années, j’étais
beaucoup plus ronde que ça, donc, je m’habillais
, toujours de chose hyperlongs, hyper grands, l’été,
on ne me voyait pas à travers mes vêtements,
comme ça on ne voyait pas mes rondeurs. Comme
j’étais… on voyait pas trop mes
rondeurs parce que j’étais équilibrée.
Donc je me cachais vraiment dans mes vêtements.
Et quand j’ai perdu un certain nombre de kilos,
je me suis, quand même sentie mieux, et en été
depuis cinq ans je vais, dans l’ensemble, je
vais quand même beaucoup mieux donc je m’habille
beaucoup plus sexy, je me maquille plus. La semaine,
c’est différent, je travaille dans le
milieu médical, je suis obligée de me
changer trois ou quatre fois par jour, parce que je
suis en tenue, que la semaine, je m’habille
classique. Vous m’avez déjà vue,
mais le week-end, c’est un peu ma revanche,
je m’habille sexy, j’aime bien me maquiller,
j’aime bien sortir. J’ai un peu deux personnages.
D’une certaine façon quand je vais voir
ma mère et ma famille, je suis toujours hyper
classique, je rentre dans le rang et le week-end,
en deux mots, eh bien je me défoule quoi !
et mon ami, avec qui je vais bientôt me marier,
c’est vrai qu’il aime bien , les femme
sexy, j’aime bien être belle pour lui,
donc je suis belle pour moi, maintenant, ça
mon évolution, je commence à être
bien dans ma peau que depuis cinq ans. Quoi ! et c’est
vrai que maintenant, j’aime bien, le week-end
prendre le temps de me maquiller. Quand je suis en
vacances,je suis toujours habillée sexy et
c’est pas spécialement une provocation,
c’est que je me sens bien , je commence à
me sentir bien
Delphine : je peux juste redire
un truc ? Je me rappelle quand j’étais
jeune, quand j’avais dix-huit ans, j’avais
une robe en stretch vert bouteille… très
sexy et donc. Quand je m’habille très
sexy, j’ai l’impression d’être
un travelo, ça me fait, c’est immanquable,
de ne pas être une femme , mais d’être
un homme, un garçon déguisé en
femme, c’est impossible quoi ! je n’aime
pas cette sensation du tout.
Psychologue : Merci
Yvette : la personne qui me gène,
c’est mon mari, par rapport à mes vêtements,
c’est-à-dire que si je m’habille
de façon féminine, il ressent ça
comme un appel. Et il devient entreprenant et c’est
quelque chose qui me …(changement de face de
cassette)… Je ne veux pas lui donner cette impression
et c’est systématique, ça. J’aime
mieux me mettre en pantalon et bon ! En dehors de
ça, en dehors de lui, dans la vie courante,
les vêtements pour moi, c’est une limite
entre moi et les autres. Parce qu’il m’en
manque, c’est une façon de faire rempart
et de me protéger donc pour se protéger,
c’est sûr qu’il faut pas mettre
quelque chose qui appelle le regard donc j’aime
les choses tout à fait neutres, noires, sans
forme, voilà. Et en fait, je suis vraiment
bien et vraiment en accord avec ce qu’on m’a
inculquée lorsque je n’ai pas de forme,
ce qui est beaucoup mieux. Et en fait, je sentais
les choses mieux parce que je faisais dix kilos de
moins, naturellement, je n’étais pas
dans les normes non plus, mais ça me permettait
de correspondre à quelque chose. Alors, maintenant,
j’ai pris du poids. Ceci dit j’aime bien
effacer les formes. Donc on en est toujours à
la même histoire. J’arrive à dépasser
ce stade d’anorexie et je mange normalement.
C’est déjà un mieux quand même.
Il m’est arrivée aussi, quand j’étais
môme, de prendre les vêtements de mon
père, plus tard de mes copains. J’étais
adolescente. Parce que là aussi, c’était
une façon, de me cacher, de ne pas être
féminine et en fait, je me rends compte que
tout ça correspond à des choses d’enfance
où l’idée c’est de ne pas
être féminine, parce que ma mère
ne voulait absolument pas que ça se passe comme
ça et donc tout ce qui était existence
féminine, je peux même dire existence,
mais enfin, c’est quand même le thème,
ici. Il semblerait qu’il y ait beaucoup de choses
sur le sexe féminin, masculin, je sais pas
on n’en a encore pas parlé et j’ai
l’impression que c’était ça
qui était demandé, d’être
invisible, de ne pas exister en fait, la façon
d’exister, c’est de ne pas être
féminine, ne pas être en rivalité
avec elle.
Psychologue : Merci
Lise : je voudrais ajouter un
mot par rapport à ce que j’ai entendu.
Il m’est arrivée, une fois à la
boulangerie, une fois dans le bus ou ailleurs, qu’on
me dise : « pardon Monsieur, bonjour Monsieur,
». Mais, ça c’est quelque chose
que je ne tolère pas et même quand je
suis. .. il m’est arrivée d’être
en jupe et qu’on me dise : « excusez-moi,
Monsieur… et tout » donc c’est ambivalent
au point de vue de mon identité sexuelle. Je
ne sais pas ce qui en moi,, même avec des cheveux
longs, qu’est-ce qui laisse penser… enfin
laisser une ambiguïté par rapport à
mon sexe. Quoi ! ça me met en … je ne
dis rien, une fois, j’ai dit : je sais bien
que je sors de chez le coiffeur, on vient de me faire
une coupe, mais enfin, je suis : Madame ! j’ai
dit ça à la boulangerie, mais vraiment
, j’étais en colère Quoi !
Judith : moi aussi ça
m’est arrivée plusieurs fois qu’on
me dise Monsieur, mais je ne comprends pas pourquoi
!
Valentine : ça m’est
arrivée quand j’étais beau coup
plus jeune. Mais pareil, ma mère aurait voulu
que je sois beaucoup plus féminine, j’étais
bourrée de contradictions. Donc automatiquement,
j’avais une attitude… puis j’ai
deux frère, donc élevée au milieu
des garçons. J’avais quand même
une attitude très masculine, mais par contre,
il y a un fait qui me …. Justement pour le trente
et un… je deviens un peu excessive, à
certaines occasions sur les vêtements, j’avais
décidé ce soir-là de mettre une
jupe et cette jupe allait avec des bottes… je
n’en démordais pas … mais j’ai
pas retrouvé les bottes et donc une heure avant
de partir pour la fête… une crise de nerfs
pas possible. Je ne retrouvais pas les bottes, donc
je ne pouvais pas mettre la jupe, donc tout était
foutu en l’air et j’ai failli pas aller
à la soirée à cause de ça.
J’ai mis un pantalon, après, je retrouvais
pas mes clés, donc j’ai bien cru que
j’allais pas aller à cette soirée.
Et finalement, j’y ai quand même été,
mais c’est vrai que par la suite, je me suis
dit mais c’est dingue comment je peux être
ancrée : cette jupe devait aller avec ces bottes.
Ça ne pouvait pas être autrement. Point
final quoi ! donc j’ai perdu mon sang froid.
Ce qui m’a profondément agacée
parce que ce soir-là j’avais décidé
d’être chic. Ça m’a énervée.
Merci.
Mathieu : moi, c’est plutôt
du classique, car j’ai horreur de la négligence
et tout ce qui est jean troué, tout ça,
je ne supporte pas ça. Par contre quand je
commence, à trouver le truc qui me plaît,
j’l’achète, le tricot que j’ai
là, j’dois en avoir cinq ou six, et le
pantalon pareil, jusqu’aux chaussettes et quand
j’étais enfant, je récupérais
les habits que mon frère aîné
mettait et me laissait. On n’avait pas trop
les moyens non plus ! Il a huit ans de plus que moi.
Quand je les récupérais, ils étaient
un peu démodés jusqu’à
l’âge de quinze ou seize ans, ça
a été. Après, … inaudible….
J’aime pas la négligence. Au niveau de
cheveux, c’est pareil. Dès que les cheveux
commencent à me chatouiller les oreilles, faut
que ça parte, autrement, je me sens sale, je
me sens pas à l’aise par rapport aux
autres. Merci
Psychologue : Merci…. Silence….
Quelqu’un a encore envie d’intervenir
sur ce premier sous-thème ?
Nathan : Donc, sur les vêtements
je ne sais jamais trop comment m’habiller. Il
y a un petit peu deux types de vêtements que
je vois chez les hommes, ce serait soit m’habiller
très très bien, très élégamment,
avec un pantalon noir en tissu, des belle petites
chaussures noires, une chemise et puis une veste noire…
j’sais pas comment on dit ça, juste pour
travailler, par exemple dans la banque. Mais porter
ce genre d’habit pour moi, c’est enfin
être très, très …. Inaudible…
J’ai vraiment l’impression d’être
déguisé dans un très très
beau costume… voilà, c’est un costume.
Dès qu’ça me fait peur je me sens
trop trop fragile dans ce genre de vêtement
qui flottent un peu. Au contraire ce que je préfère
maintenant , c’est des vêtements , enfin,
des vêtements, l’idéal …
l’habillement idéal, c’est un jean
plutôt foncé, des chaussures «
dock martin »et puis ma veste en cuir, que je
me suis acheté, il n’y a pas longtemps,
parce que ça me paraît plus imposant,
parce que c’est comme ça que je vois
les choses , enfin, je ne sais pas ce que ça
reflète à l’extérieur,
mais c’est plus m’habiller de façon
à m’imposer, comme mes lunettes, là
que j’ai achetées, il y a six ou sept
mois. Avant je portais des lunettes, un peu transparentes,
quitte à exister, autant, s’imposer,
sinon, ça me fait trop peur. Sinon, pour les
cheveux, pareil, je ne sais jamais trop si faut que
je les coupe à ras et je me retrouve comme
un dictateur, enfin trop sévère ! sinon,
quand je les laisse longs, je ne sais jamais trop
comment les coiffer. Et même le look, un peu
délaissé, même dans les vêtements,
ça me fait très, très peur. Je
ne m’autorise pas à me laisser aller
dans mes vêtements. Ben voilà ! Merci
!
Psychologue : merci
Delphine : Je voudrais juste
dire, un mini-mot. Moi, aussi on m’a beaucoup
appelée : jeune Homme, monsieur, jusqu’à
mon début de mon analyse. Et depuis mon début
d’analyse, cela ne m’est plus jamais arrivée.
Je ne sais pas ce qui a changé, maintenant
on m’appelle madame. C’est plus jamais
arrivé. Avant, ça m’arrivait tout
le temps et j’sais pas non plus pourquoi, et
je détestais ça. Ça me…
c’était insupportable !
Psychologue : Alors, juste, on
a eu déjà, je veux dire, les premières
paroles du deuxième sous-thème concernant
ma réalité corporelle au quotidien et
en public après l’inceste. Simplement
je vous pose la question : est-ce que vous souhaitez
qu’on fasse une pause de dix minutes, maintenant
ou on enchaîne que le deuxième sous-thème
et qu’on fasse la pause après ?
Réponse collective : juste cinq minutes de
pause… dix minutes….
Psychologue : oui, oui, d’accord… on prend
les dix minutes maintenant et on enchaînera
le deuxième et le troisième sous-thème.
D’accord ?
PAUSE
….Je vous redonne le deuxième sous-thème.
Effectivement, on a commencé à aborder
:
le deuxième
sous-thème : « ma réalité
corporelle au quotidien et en public, après
l’inceste.
Annabel : je voudrais poser une
question de compréhension : après l’inceste
? . Si c’est après l’inceste, moi,
ça a été … inaudible…
toujours ! ou est-ce que c’est, quand l’amnésie
s’est levée… puisque j’ai
été dans l’amnésie jusqu’aux
alentours de cinquante ans passés.
Delphine : On dit ce qu’on
veut. On précise de quoi on parle. Voilà,
on y va dans le registre dans lequel on veut aller,
ce qui paraît important , pour chacun.
Psychologue : puisque effectivement,
c’est vraiment la réalité, j’veux
dire la réalité corporelle, la réalité
corporelle, alors, effectivement, est-ce qu’on
a effectivement, une impression, il y a vraiment eu
un changement de réalité corporelle
qu’on avait déjà et qu’elle
a été remodifiée, je veux dire,
au moment de la levée de l’amnésie
? Voilà ! c’est juste, effectivement,
tu as raison de préciser à quel moment
on se positionne ou effectivement où les différences
sont les plus explicitées dans cette vision
de la réalité de son corps… On
est donc là, vraiment dans la logique «
au quotidien, et en public », qui commençait
à être abordé en disant, il y
a quelque chose… certains ont dit voilà,
c’est le fait qu’on me prenne effectivement
pour un homme fait réalité corporelle
dans un quotidien par rapport à un public,
qui renvoie, justement, à une vision difficile
Nathan : le regard de l’autre
?
Psychologue : effectivement,
ça peut être le regard de l’autre,
c’est-à-dire… et la manière
dont on le sent ou la manière dont on l’interprète,
le regard de l’autre
Annabel : par rapport à
ce que tu viens de réévoquer de ce qui
a été dit dans le premier thème,
donc le fait, la douleur d’être pris pour
un homme. Quand une de mes filles avait treize quatorze
ans, un jour elle est rentrée en larmes, dans
une grande douleur, parce que quelqu’un lui
avait dit : « Bonjour Monsieur, pardon Monsieur
», donc on l’avait pris pour un homme,
et j’pense que c’était la première
fois qu’elle l’évoquait, mais je
me souviens avoir été ravagée,
devant sa douleur qui m’a mis moi, aussi une
douleur terrible, bien que le fait en lui-même
me paraît anodin, j’ai cherché
vraiment, qu’est-ce que je pouvais proposer
pour calmer sa douleur et tout ce que j’ai trouvé
– ça renvoie au thème d’avant,
je suis désolée- ça a été
de lui dire : « écoute, on va aller dans
une boutique et tu vas t’acheter tous les habits,
il n’y a pas de limites de budget » et
je savais que c’était nulle comme réponse
et je ne voyais pas autre chose, et donc on a fait
ça, comme si d’acheter des vêtements,
pouvait compenser une blessure très importante,
alors que moi, je trouvais … consciemment c’était
anodin, j’étais bien dans le bouleversement
quand même. Donc ça, je le dis, mais
qu’est-ce que j’ai prêté
comme signification aux vêtement. ? comme pouvoir
de guérison, comme compensation, ? je ne sais
pas. Mais je pense que pour ma fille, ça été
aussi quelque chose qui a dû la marquer.
Delphine : je ne sais plus comment
c’est formulé, cette histoire de se sentir
une fille ou un garçon, une femme, en l’occurrence,
c’est compliqué, souvent, ça s’est
posé pour moi de façon… ça
s’est posé en étant en public.
Quand je suis toute seule, ou plutôt quand j’étais
plus jeune, adolescente ou jeune adulte, enfant, remarque
aussi. En étant toute seule, je savais que
j’étais une fille, enfin, en société,
avec d’autres, d’autres garçons
ou d’autres filles, C’est souvent un truc
qui m’a posé problème, de me sentir
aussi une fille et donc ça veut dire comme
les autres filles, mais comment c’est ? et je
vois bien que là, c’était pas
… j’arrivais pas… peut-être
que je voulais pas non plus vraiment m’sentir
une vraie fille… C’est pas trop …pas
un homme non plus, pas un garçon, mais une
vraie fille, je ne sais pas non plus ce que ça
m’évoquait, comme si ça voulait
dire : vulnérable… mise en danger, des
trucs comme ça. Il fallait que je me défende
de ressembler à ça… Enfin, voilà
! quand j’étais en public. Maintenant,
c’est plus du tout ça. Je ne me sens
plus en danger, mais, en étant en public, s’est
posée la question de savoir : oui, je suis
une fille, je suis une femme, mais comment c’est
? de ne pas être bien … mal à l’aise
avec ça. Voilà !
Valentine : Effectivement , le
corps en public, très jeune, j’habitais
en cité…Inaudible… Excusez-moi,
je disais, en habitant à la cité, être
une fille… enfin, il était préférable
d’être un garçon, c’est plus
facile, tout simplement. La fille, c’était
: ou la fille très sexy « marie couche-toi
là » en général, ou t’existais
pas et t’es plutôt limite un garçon,
donc.. En fin de compte, parler du vêtement,
donc moi, mon corps, j’en ai pas vraiment pris
conscience, étant jeune. J’avais l’impression
que c’était une entité bien à
part de moi. Le seul avantage ou qualité que
je lui ai trouvé, c’est qu’il était
résistant, qu’il était sportif,
ça s’était sympa, Du coup, ça
me rapprochait du côté masculin, justement.
J’avais ma place, j’avais une place, j’étais
pas avec les filles super-sexy, super-féminines,
mais j’étais pas non plus un garçon,
parce que j’étais une fille, mais en
même temps, j’étais sportive, donc
mon corps arrivait à trouver sa place au sein
du sport. Ma place a beaucoup évolué,
effectivement depuis que j’ai quitté
L. pour Paris. Ça a pas été une
transformation immédiate, j’ai perdu
du poids, donc j’ai réappris à
redécouvrir, quand même mon corps, et
à tenir une place déjà dans ma
vie à moi….mon corps en pensant à
lui. Effectivement, du coup, avec les autres, en..
côté social, j’aime beaucoup danser,
j’aime bien m’amuser. Je suis même
assez sexy, quand je danse, même si pour moi,
quand je danse, il n’y a pas une vraie connotation
sexuelle. J’aime danser, et là tout d’un
coup, quand je danse, j’apprécie bien
mon corps, je trouve qu’il fait bien les choses.
Ça va ! Et dans le quotidien, maintenant, je
trouve… En tout cas, je l’apprécie
maintenant, car je lui ai donné une place et
que dans la vie, je commence à prendre plus
soin de lui. Finalement à part quelques défauts,
comme tout le monde, je commence à l’apprécier
tel qu’il est, à apprendre à le
mettre en valeur et le regard des autres commence
même à m’être agréable.
Certaines fois, j’apprécie qu’une
tête se retourne, ou un compliment, ça
dépend des jours, ça dépend de
l’heure, ça dépend de mon humeur,
mais je commence à apprécier, effectivement
ce genre d’attentions et d’ailleurs, je
suis allée chez le coiffeur, je commence à
penser à m’inscrire dans une salle de
sport pour remodeler… donc que je corresponde
à mes attentes. Voilà ! Je suis dans
une dynamique positive par rapport au corps et aux
vêtements. C’est agréable à
vivre. Pour l’instant, ça roule de ce
côté-là !
Psychologue : Merci
Maud : moi, je voulais dire,
moi, adolescente, je ne me sentais pas réellement
fille, surtout à l’école. La majorité
de mes amis, c’était des garçons.
J’étais toujours avec des mecs. Les filles,
le côté ragot, gnan-gnan, je voyais toujours
les filles comme quelque chose de chiant. Faut dire
que dans la famille, je n’ai que des cousins,
même si je suis fille unique à domination
masculine. Et à l’école, ben,
j’avais toujours un groupe de copains et en
fonction de mon âge, ça a évolué,
mais toujours avec de garçons, donc je faisais
des trucs de garçons, je me retrouvais dans
des situations un peu abracadabrantes quoi ! pour
une jeune fille. Regarder des films pornos avec de
garçons, c’est pas très…
beaucoup de gens trouveraient que c’est assez
dangereux. Je me sentais tellement garçon,
je ne me sentais pas du tout en danger et je trouvais
ça même plutôt drôle, mais
dès que je commençais à avoir
une réflexion de la part de mes copains, disant
: « ce serait pas mal » … et tout,
j’avais une réaction complètement
masculine en disant : « mais attends, tu veux
t’en prendre une, j’étais prête
à me battre comme un mec, parce que je me sentais
mec.. Je disais : « Mais attends, mais qu’est-ce
tu me fais ? tu me proposes quoi ? Toi ? tu rêves
quoi ! » En fait, ils m’ont complètement
respectée. Là-dessus, j’ai aucun
problème. Mais c’est vrai qu’avec
le recul, je me dis quand même … euh…j’ai
pas joué … inaudible…j’ai
pas joué à être une fille, à
se maquiller comme une femme…. Moi, j’étais
avec des mecs… et après avec les années,
à regarder des films de cul, à traîner
dans les rues, un vrai petit mec quoi ! Et avec le
temps, ça a changé, et j’ai commencé
à avoir des copines. Donc, effectivement, le
côté féminin est arrivé,
et là du coup, j’ai eu droit, à
avoir des remarques et je rends en général,
c’est-à-dire que ma génération
ne sait pas trop s’adresser aux filles, donc
c’était plutôt des insultes qu’autre
chose, ça m’a toujours mis dans des états
de rage assez délirante. Je pouvais avoir rien
qu’en l’espace de dix minutes, rien qu’en
marchant dans la rue …cinq altercations Quoi
! avec des mecs : « ça m’excite
le cuir ! …inaudible… pour ceux qui ne
comprendraient pas, c’est le putes en verlan…des
choses comme ça… après se faire
pointer sous un porche par un étranger très
aimable, dire excusez-moi, je ne peux pas vous renseigner.
Il continuait, du coup je me suis énervée,
donc je me suis fait insulter de « mal-baisée
» Donc voilà…J’me disais
: ça a duré combien de temps ? Je devais
avoir une vingtaine d’années. C’était
un calvaire d’être fille, on ne peut pas
marcher dans la rue, sans être insultée,
et sans être abordée, sans avoir un mec
qui se branle devant notre porte ou dans le métro,
qui se masturbait devant moi dans le métro…c’était
délirant ! J’ai eu une période
où c’était tout le temps quoi
! Je me demandais : « Qu’est-ce qui provoque
chez moi ce comportement aussi délirant chez
l’homme. Quoi ! alors que j’étais
en jean et en pull large ou alors en mini-jupe avec
des bottes, j’avais le même … les
hommes avaient le même comportement avec moi
» Et, étrangement en vieillissant, il
n’y a plus. On ne me parle plus dans la rue,
je ne vois plus d’exhibitionniste. On ne se
colle plus à moi dans le métro. Est-ce
que j’ai vieilli et donc, j’ai un visage
assez fermé donc, on ne me regarde pas, je
sais pas ! Comme je gueule, de toute manière,
à la moindre….inaudible… Je parle
plus fort que l’autre, en général,
il s‘échappe. Voilà ! Enfin, je
suis contente de ne plus avoir à subir ça.
Un soulagement, car ça évite que je
m’emporte et que je m’énerve. C’est
quelque chose que j’apprécie. En plus
on passe pour une folle et pas le pauvre mec qui était
en train de se branler devant moi, qui passe pour
un fou et un détraqué, donc c’est…
Psychologue : merci
Irène : je me posais la
question de savoir si mon expression corporelle, la
perception que j’avais de mon corps avait changé
avant et après. Avant l’inceste, pour
moi, c’est assez flou. … inaudible…
mais enfin, il y a eu une période où
c’était des choses dont j’avais
conscience, je prends ça à peu près
comme repère. Le gros changement auquel je
pense, c’était que, enfant, j’avais
une dizaine d’années, onze douze ans,
j’étais tout à fait, dans mon
corps, c’est-à-dire que mon corps et
moi, on faisait bien une personne. A l’extérieur,
j’étais très active, physiquement,
je n’étais pas gênée. Je
vivais dans le sud, j’allais à la mer,
je nageais, je pouvais prendre mes aises, courir dans
la campagne, en short, avec des épines qui
me griffaient les jambes, enfin j’avais un plaisir
à être, à exister physiquement
et pas justement… je ne sais pas ce qui est
lié à l’enfance, à ce qui
s’est passé après. J’ai
l’impression que après… vers l’adolescence,
et après que mon père a eu un comportement
incestueux clair avec moi, qu’il a peut-être
pas désigné comme cela ;une relation
d’ordre sexuel avec moi, j’ai l’impression
que mon corps n’a été pendant
très longtemps que pour les autres, pour l’extérieur.
Pour les vêtements, je parlais tout à
l’heure, le paraître en fait partie. J’ai
eu cette sensation d’habiter dans mon corps,
de prendre du plaisir à être, du plaisir
personnel et tout ça… c’est devenu,
je suis devenue, comment dire, très intellectuelle.
Ce que j’aimais faire, c’était
lire, c’était parler avec les gens et
puis si possible être seule, regarder des films
et tout ça… et par contre tout ce qui
était … le plaisir de courir à
complètement disparu. C’était
très pénible… A chaque fois que
je renageais, je me rendais compte du plaisir qui
était toujours important pour moi. Et toujours
maintenant, je n’arrive pas à prendre
la décision… tout ce qui est de l’ordre
du physique, j’ai tendance à le dévaloriser…
je vis à l’intérieur, c’est-à-dire
que c’est plus de l’ordre de la lecture,
la pensée, de regarder, tout ce qui est…
et dès qu’il s’agit du corps. Ce
n’est pas que je n’en ai plus, mais c’était
quelque chose pour les autres, de l’ordre de
la séduction, donc je prenais soin, en effet,
je m’habillais d’une façon la plus
élégante et séduisante possible,
je bronzais en été, je m’épilais
pour avoir des jambes lisses, je me maquillais, je
préparais ce corps pour obtenir, en effet,
ce que j’avais cherché, c’est-à-dire
l’attention, la séduction, des gens qui
me disaient, soit des hommes qui me … qui s’intéressaient
à moi, soit même d’une façon
général, qu’on me dise que j’étais
jolie, que j’avais de l’allure et puis..
j’ai l’impression dans ce contexte…je
ne sais comment appeler ça… je me suis
dissociée de mon corps, dès cet âge-là
.. c’est-à-dire, je n’ai pas de
souvenirs, je n’ai de souvenirs que de l’extérieur,
de comment je m’habillais, comment … le
rapport avec les autres dans la rue, la façon
dont on me regardait, la question justement entre
accepter d’être regardée et puis
se retrouver « pelottée, touchée,
tout ça »… cela provoquait d’angoisse
chez moi. Mais par contre moi, j’ai vraiment
perdu contact avec mon corps pendant des années
et d’être depuis que me suis remariée,
que j’ai eu des enfants, d’être
en train de rechercher à éprouver des
choses pour moi, puis à me regarder en tant
que moi-même juste non pas qu’est-ce que
je vais donner de mon corps à montrer aux autres.
J’ai réalisé aussi quand je me
regardais dans une glace, je ne voyais rien. Je ne
me vois pas dans une glace. C’est bizarre à
dire, je peux me maquiller, je maquille quelque chose,
mon image, je suis incapable de dire si je me trouve
bien, pas bien… je ne sais pas. Je n’ai
pas le sens de moi-même, en fait, j’ai
conscience de moi, je ne sais pas, dans la douleur,
dans la fatigue, sinon j’oublie très
vite de penser à ce que j’éprouve
physiquement. J’ai beaucoup fonctionné
comme si j’avais tout rassemblé en haut,
dans le cerveau pour pas , tout le reste pour les
autres, mais pour pas faire trop attention à
ce qui va arriver, à ce que je ressentais,
parce que c’était dangereux, je pense.
Justement ce qui me bouleversait, l’émotion
du contact physique, tout soit relié à
quelque chose d’ouvertement malsain dangereux,
angoissant pour moi. Finalement, j’ai beaucoup
de mal à m’investir de façon sereine.
J’ai l’impression que mon corps est un
petit peu séparé de moi, en fait, finalement
pendant de nombreuses années. J’essaie
de retrouver quelque chose d’une relation avec
ça !
Psychologue : Merci
Mireille : Moi, j’ai envie
de dire que l’inceste, ça dure toute
la vie. Effectivement, j’avais neuf ans…
Mais c’est vrai que j’ai vécu une
adolescence où j’étais extrêmement
timide. Moi aussi, j’ai développé
le côté intellectuel, vraiment, si je
n’avais pu être qu’un pur esprit
et être complètement asexuée,
ç’aurait été le rêve
pour moi ! … Bon ! J’ai quand même…je
me suis mariée… je suis toujours mariée,
je suis toujours avec mon mari, on a toujours été
ensemble, mais… (Fin de la cassette)….
Je me suis décidée à faire une
analyse et un jour, ça a re-surgi. Ça
rejoint les vêtements et ce que tu disais, Pour
un anniversaire de mariage… mon mari…
donc, on passait une soirée tous les deux à
la maison, c’était très bien et
il m’a offert… il a voulu m’offrir
des vêtements… sexy. Alors, là,
ce jour-là, lors là, ça a créé
quelque chose de difficile qu’on n’a pas
encore… qui est un point de traumatisme, enfin,
lui…, donc j’ai, moi j’ai éclaté,
j’ai dit : « je ne veux pas être
un objet » , je voulais vraiment un autre cadeau,
moi, j’préfère des livres, j’préfèrais
autre chose, et je voulais surtout pas ça.
Et donc là ce jour-là,ça a été
une grande victoire pour moi, dans la mesure où
pour une fois, j’ai pu dire : « je ne
veux pas ça, je ne suis pas un objet ».
C’est sorti de moi, c’était vraiment
une victoire, parce que d’habitude, rien ne
sortait de moi. Pour moi, je l’ai vécu
comme une victoire et lui l’a vécu comme
un rejet assez important, dont on parle encore…
ça fait plusieurs années ! et donc c’est
vrai qu’il me reproche toujours de ne pas faire
d’efforts , de ne pas m’habiller sexy,
de pas… évoluer dans un sens plus féminin.
Voilà ! Donc je rejoins ce que tu disais, effectivement,
si je m’habille un jour plus sexy, là
aussi, c’est comme si c’était un
appel et donc la ça colle pas ! et là,
on n’arrive pas à mettre ça au
clair. On n’est pas sur la même longueur
d’onde. Je lui ai dit : « je rejetais
ton cadeau, parce que il a réveillé,
certainement beaucoup de choses en moi que peut-être
j’avais jamais dit vraiment. » Alors,
il a eu aussi le sentiment que avant, je faisais du
cinéma tout le temps… c’était…
disons une période de vie… comment dire
? … où j’ai mis de côté
cet inceste, on n’en parle pas. On le sait mais
on n’en parle pas, et puis ça va bien
finir par se passer. Et puis un jour où ça
ressort… Et là, donc, j’suis toujours
après l’inceste. Finalement, j’ai
l’impression de ne pas en sortir. Or, intellectuellement,
sur le plan professionnel, j’ai mené
ma vie normalement, en fait, cet aspect-là
me gène encore plus, d’autant plus maintenant,
que je suis à la retraite. Tant que j’avais
mon boulot, ça permet, quand même, d’évacuer,
enfin de ne pas penser, c’est l’avantage
du travail. Mais là, alors maintenant, on se
retrouve tous les deux, et ça c’est quelque
chose qui maintenant ressurgit très fort ..
notamment, par rapport aux vêtements, par rapport
à l’attitude féminine ou sexuelle…
là, il y a quelque chose que j’arrive
pas… il y a un nœud qui est là et
je ne sais pas ce que ça va faire. C’est
une incertitude et voilà ! donc je ne sais
pas … inaudible…En société,
c’est vrai que je suis timide, et j’aime
pas trop me faire voir, toujours la même chose.
J’étais enseignante, et on finit par
s’habituer, on fait des progrès. Donc,
j’arrivais quand même… même
à prendre la parole avec de collègues,
sur le boulot, ça c’est bon ! ça
pouvait aller…mais autrement, je ne me sens
pas encore capable de prendre la parole en groupe.
Déjà là, il y a du monde, c’est
pas mal. Mais voilà ! … Là aussi,
je sais pas si tous ces troubles, c’est vraiment
lié à l’inceste ou si c’est
lié à autre chose de la vie familiale.
J’en sais rien. La question… il n’y
a pas de réponse. La question c’est :
« est-ce que tous les troubles que j’ai,
c’est vraiment uniquement l’inceste ?
ou est-ce que c’est autre chose ? enfin ! voilà
! ça c’est une question !
Danièle : Moi, je vais
essayer de vous parler, c’est vrai, c’est
pas évident. Avant l’inceste , c’est
un peu flou, j’ai fait un travail de thérapie
qui m’a ramenée vers l’âge
de deux ans et.. j’ai senti à ce moment-là
que j’avais mes bronches qui devenaient fragiles
et j’ai eu la chance de grandir à la
campagne et tout ce qui était dehors, j’étais
bien et les activités : le vélo, courir,
les animaux, tout ça, c’est vrai que
ça a été ce qui me construisait.
D’un côté tout ce qui était
dans la maison, je n’ai plus de souvenirs, et
je crois que c’était destructif. Après,
vraiment j’ai l’impression d’avoir
existée quand je faisais des activités
dehors, quand j’étais pas habillée
en fille, j’étais avec mes vieux pantalons
et je grimpais dans les arbres, là j’étais
bien. Sinon, quand ma mère m’habillait,
des robes, des nattes… la gentille petite fille,
là je n’existais pas vraiment. Et après
à l’adolescence, j’ai découvert
les soirées où on dansait et là,
j’ai vraiment beaucoup, beaucoup… ça
me faisait du bien de danser, en fait, de sentir mon
corps, c’était là où je
mettais mon énergie, je me sentais vraiment
vivre, mais c’était excessif et j’avais
besoin de ces soirées pour exister. J’ai
développé là, un côté
très … je me maquille, , j’m’habille
avec des vêtement super colorés, Au fond,
c’était pour aller danser, c’était
pas pour rencontrer des garçons ou quoique
ce soit. Comme j’étais vraiment dans
l’amnésie jusqu’à…
il y a… en fait il y a eu une première
étape, je suis partie dans une grande ville,
A dix-neuf ans, je suis arrivée dans cette
ville, et là tout a dégringolé.
J’ai l’impression d’avoir eu…
comment vous dire ? … J’ai du mal à
avoir les idées claires, en fait par rapport
au corps. Oui, j’avais beaucoup de mal à
ne pas me mélanger avec les autres. c’est
un truc que j’ai encore maintenant, j’ai
du mal à …quand il y a une présence
forte en face de moi,… quelquefois, j’ai
l’impression de me dissoudre. J’ai commencé
à me ressentir vraiment dans le centre quand
j’ai commencé ma thérapie, au
bout de un an et demi, deux ans. J’ai commencé
à me réapproprier, à me réhabiter.
A ce moment-là, il y a eu aussi, après
des étapes, mais fallait que je réapprenne
à mes respecter, à m’aimer. Il
y a tout une étape où j’étais
pas bien du tout dans mon corps. Voilà ! Aujourd’hui,
je me sens plus costaud par rapport à l’autre.
Je crois que c’est ça qui a changé
depuis quelque temps. Le corps après l’inceste,
j’ai l’impression que mon corps est devenu
quelque chose qui se mélangeait à l’autre,
je n’existais pas séparément de
l’autre.
Psychologue : Merci
Nathan : Moi, je vais parler,
sur le corps. .. ça me fait penser à
mon travail… comment dire ? Je ne sais même
plus ce que je raconte. En fait pour mon travail,
le fait que je fasse partie d’une structure…
pour moi, à chaque fois que je pense à
une structure, ça me fait un peu penser à
une entreprise, penser à la famille dans un
milieu clos… et donc mon corps… j’ai
vachement peur pour mon corps… dans l’entreprise
où je travaille maintenant… quand je
suis au bureau, j’ai tout le temps peur, surtout
depuis que j’ai soulevé des choses…
c’est pire depuis que j’ai soulevé,
que je sors un peu de la maison. Toute la journée,
pratiquement… pas tout le temps… faut
pas exagérer, mais j’ai peur qu’on
me frappe à mort quand je suis au travail,
qu’on me viole et tout. .. enfin, c’est
pas que j’ai peur de mes collègues, mais
ça me fait ranimer des souvenirs. Comme je
suis habitué à ce qu’on me tabasse,
qu’on me viole, je ne comprends pas qu’on
me laisse tout seul comme ça, tranquille finalement.
Je ne comprends pas…J’attends qu’il
se passe quelque chose en fait. Je surveille un peu…
Mais c’est surtout aussi, qu’au boulot,
on vous demande, de réfléchir, de penser
et d’écrire, ça dans mon enfance,
on m’a bien appris que ça, c’était
tout de suite la sanction corporelle. Et donc en ce
moment au boulot, c’est ça, des angoisses
énormes pour tenir le coup. Voilà ce
que ça soulève un peu… le fait
de rémémorer des souvenirs, ça
remet en contact directement, sa propre vie.
Psychologue : Merci
Annabel : Une chose qui vient
d’être dite là, tout mon enfance
et mon adolescence, j’ai éprouvé
cette impossibilité à réfléchir,
à penser, à me souvenir, ce qui était
effroyablement handicapant, très pénible,
perçu par mon entourage et mes propres parents
comme une manifestation de mauvaise volonté,
de fainéantise, simultanément, mon corps
ne fonctionnait pas comme celui des autres enfants.
Je ne pouvais pas courir, j’étais la
dernière en gymnastique, tout posait problème.
J’étais absolument, terrifiée
par de choses comme : descendre un escalier, je me
voyais m’écraser en bas, sauter, le saut
en hauteur, j’avais l’impression que j’allais
me … que la corde, elle allait se détacher
pour me fouetter… me fouetter… je veux
dire longuement, donc c’était absolument
infernal et ça me rendait difficile le contact
avec les autres. Et curieusement, j’ai toujours
des copains et des copines, mais au prix d’une
énergie énorme. Et quand je suis devenue
adulte, c’est-à-dire quand même
rapidement, puisque j’étais enceinte
à dix-sept ans. Là j’ai mis toute
mon énergie à ne pas du tout être
comme mes parents et surtout comme ma mère,
en tant que femme, donc à avoir beaucoup d’enfants,
avoir une vie sociale intense, à ne jamais
être malade, tout le contraire d’elle.
Ça a plutôt bien fonctionné, mais
ça n’était… je m’en
rends compte , pas moi du tout. Et donc, il y a eu
plusieurs fois des comportements hystériques,
des pétages de plomb très forts en public,
tout un tas de choses qui me donnaient cette réputation
méritée, de caractérielle mais
qui me faisait horriblement souffrir, puisque .. parce
que moi, mon point de vue, c’est que.. c’est
que… c’était pas moi, c’était
pas de ma faute, que j’étais pas née
comme ça !
Psychologue : Merci
Irène : Je voulais rajouter
quelque chose sur le plaisir de danser… quand
je disais que j’avais eu du mal à investir
mon corps, justement je le voyais danser … j’ai
l’impression d’avoir régulièrement
échoué, dès que j’ai voulu
faire des choses qui n’avaient rien …inaudible….j’ai
pris des cours de danse, genre danse de salon. J’ai
pris des cours de chant, J’ai essayé
de faire de la musique, du jumbée, quelque
chose de très physique. Et autant, j’ai
toujours réussi à faire ce que j’avais
envie de faire dans d’autres domaines, je parle
des études, de la peinture, tout ça,
j’y arrive. Et là, à chaque fois,
j’ai dû arrêter. Alors, la danse,
c’est un petit peu moins, j’ai eu l’impression
de réussir, vue de l’extérieur,
j’arrive à danser en public si j’oublie
finalement que je suis en public, j’arrive à
un état… soit parce que j’ai bu,
soit parce que il y a cet effet d’entraînement
par la musique je me retrouve … on m’a
toujours dit que je dansais très bien, j’avais
l’air complètement libre dans la musique
à certains stades, mais dès qu’il
s’agit de quelque chose de plus codifié,
tous ces cours-là, je me suis obligée
à les prendre, je me suis vraiment forcée
à le faire en me disant : ça va te faire
du bien, plutôt que d’aller choisir une
activité…. Inaudible… par exemple,
apprendre à chanter, j’étais persuadée
que je chantais faux, j’aimais pas ma voix,
je me suis dit, ça va me faire du bien, ça
va me libérer d’apprendre à chanter.
D’ailleurs, le cours, ça me faisait du
bien, ça se passait pas mal, mais j’ai
pas réussi à continuer, quoi ! au bout
de trois quatre cours, je ne sais pas ce qu’il
y a eu, j’avais pas assez d’argent à
ce moment-là, et puis après la prof
, elle a déménagé et je n’en
ai pas cherché un autre. Et les cours de danse
pareil, ça se passait bien, aussi, mais je
trouvais un prétexte pour arrêter, la
musique, le jumbée, j’avais mal aux mains
et puis j’avais l’impression de ne pas
être dans le rythme avec les autres, je me sentais
complètement nulle parce que j’avais
l’impression que je passais mon temps à
les retarder… Toutes ces disciplines , je pensais
que c’était des disciplines plaisantes,
des loisirs, j’ai pas réussi à
les mener à bout donc je vois que ces difficultés…
je continue à faire des choses où justement,
j’ai besoin d’être à l’intérieur
de moi et de me lancer, de me tourner d’essayer
de le faire pour le plaisir de le faire bien, J’ai
tellement conscience du regard extérieur :
tiens, mais je chante faux, ça s’entend,
je vous parle, ça s’entend, je danse,
je m’embrouille dans mes pas, ça se voit,
que régulièrement, j’échoue,
j’ai une sensation d’échec, pour
le sport, c’est un petit peu pareil, pour tout
ce qui est physique, j’ai l’impression
de pas pouvoir faire grand-chose de performant et
du coup de préférer laisser tomber,
régulièrement. Donc c’est vrai
que ça me pose problème ! l’expression
corporelle pure, je peux quand c’est mélangé
avec d’autres choses, parler et tout…
Mais quand je danse, c’est pur ! quand je chante,
il n’y a plus autre chose que ça, ça
me pose un gros problème d’arriver à
être contente de ce que je fais. Je suis tout
le temps mécontente, insatisfaite Très
vite, je me sens très inférieure aux
autres, j’ai l’impression de ne pas y
arriver. Puis être très exposée
en même temps, ça c’est quelque
chose de difficile pour moi, et en même temps,
c’est sûrement important puisqu j’ai
plusieurs expériences, d’avoir voulu
essayer de le faire, voulu essayer de progresser
Psychologue : merci
Maud : Moi, j’ai une grosse
difficulté, moi, je refuse à mon corps,
tout exercice physique, je sais, j’ai eu plusieurs
compagnons qui m’ont dit : « tu devrais
faire du sport et muscler tout ça ! »…Je
n’aime pas le sport en collectivité,les
cours à l’école, moins, j’y
allais, mieux, j’me sentais …j’étais
aussi dans les dernières, je détestais
les exercices physiques. J’ai même réussi
en seconde, à avoir mes séances de psy
aux heures de gym, moi , comme ça, j’avais
pas besoin d’aller courir autour du lac. Courir,
c’était l’angoisse totale et par
contre, danser j’adore ça. Je danse depuis
que je suis petite. Je dans ais avec mon père
et avec ma mère aussi, et en fait depuis le
décès de mon père, c’est
l’une des personnes avec qui je dansais le plus,
j’avais le plus de plaisir à danser.
J’m’aperçois que j’danse
de moins en moins dans les soirées, je passe
plus de temps à parler avec les gens, à
avoir un verre à la main. J’ai plus les
gens autour de moi pour danser le rock… ça
me…j’en suis très très attristée.
Je sais que si je danse toute la soirée, c’est
pour éviter de parler aux gens, je rentre dans
une bulle et même en dansant, je ne partage
rien avec les autres, je suis dans ma bulle et je
danse et j’peux danser pendant trois quatre
heures d’affilé, et après, j’veux
dire j’ai passé une super-soirée,
mais, j’ai parlé avec personne et j’ai
rien partagé, je trouve ça un peu, assez
nul dans un certain sens et donc là, je commence
à me dire que ce serait bien que je commence
à prendre des cours de danse. J’arrive
pas du tout à faire le premier pas. Déjà,
quel type de danse, j’ai envie de faire…
ensuite à chercher… et puis après
à me dire, est-ce que j’ai les moyens
? pas les moyens ? est-ce que j’ai le temps
? Pas le temps ? c’est.. j’ai l’impression
que c’est une montagne. Dès que je fais
un pas, il y a des petits gravillons, en-dessous qui
glissent et qui me font descendre et donc, je suis
toujours en train de regarder en hauteur, je me dis
que ça doit être vachement beau là-haut,
mais, je… j’arrive même pas à
faire un pas. Quoi ! j’ai l’impression
que je verrai jamais ce qui est en haut de la montagne,
c’est… en même temps, c’est
une question que je me pose rarement, parce que …
par moment, je me dis oui, ça serait bien et
puis après…inaudible… c’est
en général, mon compagnon qui me dit
: « fais quelque chose.Tu verras, ça
te fera du bien à ton corps. Voilà !
je sens mon corps… inaudible… je me dis,
j’ai un corps, super ! mais sinon, faire du
sport pour souffrir, moi, je ne vois plus la souffrance
dans le sport, mais là non plus, j’ai
pas envie de me subir, quoi ! courir … avoir
des courbatures pendant trois jours, faire des pompes,
des abdo pendant des heures ça me paraît
aberrant. J’ai du mal à comprendre que
les autres le fassent, et surtout quel plaisir ils
en retirent. J’crois que ça je ne comprends
pas du tout !
Psychologue : Merci
Judith : En vous entendant parler,
là je pense aux cours de gym, quand j’étais…
à partir de la sixième, et j’avais
une prof qui était, un prof assez physique,
justement, dans son approche de l’éducation
physique, donc un côté un peu militaire
dans sa façon de nous amener le cours. Et un
jour, elle m’a marché sur le ventre,
pas marché au sens sadique, c’était
vraiment… elle a posé le pied sur mon
ventre et elle est passée dessus et ça
a débloqué quelque chose. Pour la première
fois, je me suis sentie capable de faire des exercices
justement et en y réfléchissant, c’est
probablement parce que ça venait d’elle.
Je n’avais pas de conscience de mon corps, je…
si c’est moi, qui devais décider d’y
aller, ça me posait un problème en fait…donc
j’étais pas motivée. Fallait vraiment
que ça vienne de l’autre. Ça n’a
pas beaucoup changé aujourd’hui ! c’est
pas qu’il ait une ambiguïté sur
le fait que ce soit moi qui décide ou pas d’y
aller, mais cette prof… elle est vraiment…
en fait je suis devenue première en sport…
comment ça s’appelle, grimper à
la corde, je réussissais tout très bien
à partir de ce moment-là. Quoi, c’est
quand même assez symptomatique d’une démission
de son propre corps et puis aussi d’autre chose,
c’est de… la capacité à
vivre physiquement.. en considérant que c’est
un entraînement.. ; je ne sais pas encore trop
ce que je veux dire par là, pour moi, ça
a du sens, Voilà !
Psychologue : merci
Lise : Moi, dans tout ce que
j’ai entendu, il y un mot qui a été
prononcé et que je fais mien, c’est que
je me sens asexuée. Même, maintenant
à mon âge, c’est peut-être
ce qui permet à des gens de me dire : Monsieur
ou j’sais pas quoi… je me sens pas…
en tout cas, je me sens plutôt féministe
ou peut-être féminine, je sais pas, je
crois que j’ai toujours été comme
ça. J’ai jamais attiré d’homme,
quand j’étais à l’école,
c’était pas une école mixte, donc
longtemps je me suis dit : si j’avais été
dans une école mixte, j’aurais eu un
petit ami. Même plus tard, j’en ai jamais
eu, je pense… j’ai entendu parler d’être
dissociée, je crois que c’est ça,
j’ai jamais pu … réunifier …
je sais pas quoi. En tout cas, c’est sûr
que j’ai pas de sexe, je ne sens rien, j’ai
pas de sexe homme, j’ai pas de sexe femme…mon
corps.. un jour, une de mes sœurs m’a dit,
mais il y a peut-être dix ans, quinze ans :
« quand tu étais petite, tu étais
toujours sale »… et c’est vrai que
on n’avait pas l’eau courante, donc on
s’lavait que le visage et aux visites médicales
de l’école, c’était, toujours
pour moi, une torture parce qu’il fallait se
déshabiller et c’était seulement
quand je me déshabillais pour la visite médicale
que je voyais que j’étais sale…
Vraiment, c’était… Je me rappelle
après je frottais avec … sans eau dans
le creux de mes bras, c’était des choses
noires comme de la gomme quand on gomme un papier.
C’était sale quoi ! Donc je sais pas,
si en me sentant encore asexuée, c’est
lié à cette salissure et … c’est
la première fois que je me sens aussi émue
en disant que j’étais sale et que je
fais un lien avec le fait d’être de me
sentir asexuée maintenant… et récemment,
j’ai eu l’occasion d’échanger
avec un homme, par internet, et j’ai eu une
certaine sensation agréable… et après
cette sensation, la nuit-même, j’ai été
violée quoi ! j’ai été
violée et je me suis débattue ! j’ai
hurlé ! donc mon corps , ce que je raconte
là, c’est il y a deux mois, trois mois.
Voilà ! c’est le mot asexué qui
pour moi correspond le mieux à ce que je suis.
Sauf, j’ai oublié de dire quand je suis
avec des femmes du groupe de parole, alors là,
je me sens femme, mais ça , ça m’est
venue tout à l’heure en écoutant,
je regardais unetelle, unetelle et j’ai dit
mais avec elles, je me sens femme, quoi. Devant une
femme, je me sens femme. Voilà !
Psychologue : Merci
Stéphanie : Je voudrais
dire par rapport à mon corps d’avoir
fait beaucoup de sport étant jeune… j’étais
amnésique jusqu’à il y a cinq
ans. Et à partir de là, j’ai demandé
à mon mari de ne pas me toucher. Donc je ne
suis pas touchée. Et je ne supporte pas le
contact physique de quelqu’un qui va me taper
la main sur l’épaule, comme ça,
même embrasser des gens, pour moi, c’est
une épreuve. Je suis pas très contente
de ça non plus, mais, par rapport à
mes enfants, c’est pareil. Le seul geste affectif
que j’ai, c’est de les embrasser. Longtemps
pour le petit dernier, je l’ai habillé,
il était en thérapie sa psy me dit :
mais laissez-le faire tout seul. J’ai réalisé
ça, il n’y a pas très longtemps
en fait que le seul contact que j’avais avec
lui, c’était avec ses vêtements,
de l’habiller. Et si elle me dit ça pour
moi, c’est comme si elle me disait de ne pas
l’aimer… A côté de ça,
j’ai pris des résolutions, cette année
par rapport à mon corps, c’est d’essayer
de faire des efforts, de prendre soin. Je fais une
thérapie psychocorporelle, ce qui est très
difficile pour moi. Je fais des cours de danse, aussi
danseuse thérapeute, une danseuse qui organise
la danse dans ce sens-là… j’y mets
les moyens, je sais pas où ça va m’emmener,…c’est
très bloqué. C’est vrai que en
public, moi je suis pas toujours à l’aise,
encore maintenant, il m’arrive, quand je croise
des gens, de me dire : « Mais ça se voit
! » et je ne peux pas m’enlever ça
de la tête ! ça se voit, je suis marquée…inaudible…j’arrête
.. inaudible
Maryse : Moi, j’ai vécu
jusqu’à… la plus grande partie
de ma vie avec la terreur que ça se voit, en
ne sachant pas ce qu’il fallait qui ne se voit
pas. Donc c’est infernal ! de penser qu’on
a quelque chose qui va pas , quelque chose de dégueulasse,
mais on ne sait pas quoi, et qu’il faut le cacher.
Et quand l’amnésie s’est levée,
donc j’ai compris, d’où ça
venait. Est-ce que c’est lié à
l’âge, mais je n’ai plus du tout
eu de libido et comme j’étais divorcée,
le problème avec le mari ne s’est absolument
pas posé. Par contre l’idée même
d’avoir une relation, d’être touchée,
m’est absolument insupportable, c’est
pratiquement la seule raison qui fait que je suis
contente d’être vieille, J’ai l’impression
que comme ça je suis bien protégée…
euh… sur le …aider mon corps, que ..je
me souviens, me dégoûte profondément.
Je me lave très souvent, je me parfume beaucoup.
J’ai peur de sentir mauvais, j’ai toujours
peur de transpirer, et en fait, d’exsuder quelque
chose de répugnant , je n’aime plus du
tout me regarder dans une glace, parce que j’ai
une sale gueule…
Psychologue : Merci
Christelle : je voudrais dire
quelque chose. Donc, alors moi, j’ai…
je pense que… c’est la première
fois que je viens ici, que inaudible.. ; donc je suis
venue aujourd’hui parce qu’on parlait
du corps, je ne pouvais pas m’exprimer à
ce sujet, alors donc ça m’a touchée
de venir ici et de pouvoir en parler. J’ai réalisé
au cours des années que le corps, c’est
resté un sujet un peu tabou…. Inaudible…
en ce qui me concerne, personnellement, moi, je rejoins
l’avis général, c’est-à-dire,
le ressenti général comme quoi, avoir
un corps , quand on a été incestée,
eh bien , c’est extrêmement pénible,
c’est difficile et il faudrait en fait ne pas
avoir de corps, en quelque sorte. Voilà ! Donc
pour vivre heureux, il faudrait ne pas avoir de corps,
et pour ne pas ressentir toutes les abominations propres
au corps, donc il faudrait être désincarnée
et en même, il faut bien accepter la souffrance
propre au corps ; mais chez nous, il y a un rajout
et..moi, j’ai… du point de vue corporel,
je me suis trouvée le lien à mes réactions
émotives à l’hyperémotivité,
à des choses qui sont personnellement, une
chose personnellement difficile à surmonter,
qui était ce qu’on a appelé de
la timidité, dès le début…
alors qu’en fait, je ne suis pas … sûrement,
je suis timide mais, cela devait venir probablement
de quelque part et je ne savais pas au départ,
ce qui s’était passé, je refoulais
tout au fur et à mesure, parfois, j’ai
su, parfois, je n’ai pas su, parfois j’ai
voulu dire mais je n’avais pas d’écoute
…et donc je ne pouvais pas parler de ce qui
se passait au sujet de mon corps…(Cassette retournée)
… le risque de ne pas être soignée,
le risque que les maux que je contractais se trouvent
sans issue, les risques de me trouver plus tard plus
ou moins invalide et en plus pas de paroles. Pas de
parole, parce que si je m’étais exprimée,
le fait de passer pour une folle, et un tabou social,
un tabou social et familial concernant les choses
corporelles. Ce côté handicaps familiaux
qui diminuent considérablement le nombre d’usages
qu’on peut faire du corps et qui sont très
difficiles, qui sont plus pénibles à
supporter familialement que s’il n’y avait
pas de handicap, eh bien ! je me suis retrouvée,
enfermée dans mon corps sans pouvoir exprimer
ce qui se passait pour pouvoir m’en libérer.
Il y a eu un problème : tout ce refoulement…
il se trouve … comment dire ? ….dans ce
refoulement, je me suis trouvée confrontée
au fait que c’est l’enfant, puis le jeune
qui passe pour pervers, qui passe pour vicieux, et
tous les mots qui peuvent décrire la perversité
et le vice… mais en tout cas, ce n’est
jamais l’agresseur, ça non, lui, il reste
insoupçonné, auréolé d’une
gloire … d’une gloire sans atteinte et
nous eh bien on subit et on porte la faute de l’auteur
de la faute. C’est lui qui enjolive et alors
le corps de sa victime enfantine, est convoité
par lui, par l’agresseur et l’agresseur
voit à la place de l’enfant, l’objet
de ses désirs et l’objet de ses fantasmes,
c’est-à-dire, la place d’un enfant…
comment dire ? un petit peu jeune, sans , encore,
on pourrait dire sans sexualité avérée
, un embryon, mais sans sexualité,y voit déjà
un corps d’adulte avec des pulsions d’adulte
et il va donc traumatiser ce corps et ses pulsions
pour en faire un objet à sa convenance qui
devra correspondre à son fantasme, à
son désir d’adulte. Alors, ça,
c’est extrêmement traumatisant et donc
moi, la question du corps, c’est une question,
comment dire ? multidimensionnelle, à savoir
que la première réaction par rapport
à l’inceste concernant le corps, ses
réactions, par rapport à l’incestation
concernant le corps, c’est une réaction
de peur et de dégoût, le fait de se trouver
très laide, voire monstrueuse, donc on n’est
pas normale. C’est une réaction…
comment dire ? … du fait de se percevoir anormale
par rapport aux autres et puis ensuite, il y aune
deuxième réaction, on est monstrueux
et pas … ça ne va pas dans l’ordre
des choses. On est monstrueux inacceptable…
d’où certaines réactions de timidité,
d’ailleurs la réaction humaine est perturbée.
Les contacts sont impossibles, l’affection,
les échanges un peu amicaux, affectueux sont
impossibles. C’est vrai, on ne peut pas recevoir
une tape sur l’épaule, c’est impossible,
ça ! maintenant, ça se pourrait peut-être,
mais autrefois c’était impossible. Il
y a des échanges qui ne peuvent pas avoir lieu.
Moi, je vois mon adolescence, j’avais du mal
à m’intégrer aux groupes d’ados,
parce qu’il y avait des échanges un peu
affectifs, et moi, j’étais distante,
c’était impossible, il aurait fallu craquer
sur la vérité et dire quelque chose
et j’en étai incapable parce que je le
refoulais. Alors ça, ce refoulement, c’est
encore une autre dimension. Alors, la troisième
dimension après la monstruosité, après
l’anomalie, après la laideur, c’est
le refoulement… enfin après les problèmes
d’affectivité et de la monstruosité,
c’est … le refoulement. Alors, on refoule,
le corps est le siège des émotions et
des émotions refoulées qui vont arriver
de manière anarchique et qui vont se produire
n’importe comment, qui vont se produire avec
des déplacements… plus ou moins freudiens,
les trois quarts du temps assez atroces, on ne sait
pas pourquoi, comment dire ? ces accès d’émotivité,
ces accès de timidité, on ne sait pas
pourquoi, c’est ingérable. Ensuite…
il y a encore une quatrième dimension, le corps
a subi beaucoup de violence, donc la peur et donc…
on vit dans la peur… on ne se sent plus capable
d’affronter les choses physiquement …
inaudible…sinon, c’est ce qu’il
a dit tout l’heure, dans ce qu’on fait,
on risque de se sentir attaqué, on vit dans
une sorte de peur, on ne peut plus travailler, on
ne peut plus agir, et … on ne sait plus gérer
nos relations avec autrui, c’est la partie affective
qui est le plus touchée au lieu d’avoir
de l’amour et d’échanger de l’amour,
il est échangé … pas de mon côté,
mais systématiquement, on reçoit de
la haine, on reçoit la partie la plus agressive
des gens, bien souvent. Et dès qu’il
n’est pas question de notre problème,
c’est difficile à exprimer. Exposer des
problèmes comme ça, on est obligé
d’être discret, on reçoit de la
haine. Des situations effectivement étranges,
bien étranges qui se produisent… il y
a quelquefois comme un … il faut trouver un
responsable, c’est vrai que pour mon inconscient,
le responsable était tout trouvé…
s’il fallait un bouc émissaire, ça
allait être moi, et je posais une faute, comme
ça j’étais sûre que c’était
moi qu’on allait accuser, c’est pas compliqué,
le tour est joué…ça se fait tout
seul.
Psychologue : alors, juste, si
je peux me permettre, parce que on va être vraiment
très tenu par le temps. Et comme vous avez
amené un certain nombre d’éléments
qui vont être en résonance avec le troisième
sous-thème, je propose que vous terminiez et
qu’on enchaîne sur le
3) « Mes limites et empêchements
corporels dans les contacts et positions au quotidien
»
Psychologue : Comme vous avez
donné des éléments personnels
par rapport à ce thème-là, sinon,
on va être vraiment en retard, on va être
vraiment coincé par le temps. Cette vision
que vous avez, effectivement commencé à
nous donner. Reprenez la parole, je vous en prie,
mais on enchaînera directement pour les autres
sur le troisième sous-thème.
Christelle : oui ! alors effectivement,
dans la vie… inaudible… avec les interlocuteurs,
là, c’est très difficile à
évaluer tout le temps, il y avait tout le temps
une question de distance… trop proche ou trop
lointaine, impossible d’ajuster la distance.
Les types de contact possibles étaient des
contacts fuyants, il y avait un contact presqu’impossible
mais sans avoir pourquoi, sans rattacher à
la cause, donc il y avait des contacts …inaudible…
La mémoire de l’inceste incorporé
, c’est incorporé à notre inconscient,
on n’a pas évacué ce que on a
emmagasiné, si bien que, à chaque fois,
on a des réactions qui à chaque fois
mettent de barrières avec les autres, systématiquement.
Et le problème, c’est que ma mémoire,
elle a joué en négatif. Elle pouvait
déclencher… en amnésie totale,
pratiquement totale, elle pouvait déclencher
avec des déplacements de phénomènes
à d’autres choses, elle pouvait déclencher
vraiment une infirmité, un handicap. C’est
donc là, j’ai la sensation de ne pas
m’en sortir dans la vie… je me suis trouvée
handicapée dans le travail en particulier dans
tout ce qu’il y a à faire et j’ai
véhiculé un handicap du toucher qui
était catastrophique ! Voilà !
Psychologue : je vous remercie
Valentine : J’ai maltraité
mon corps, quand j’étais jeune, et que
j’ai subi l’inceste, ce ne pouvait pas
être la faute de mon frère, c’était
mon grand frère, presque un père, ça
ne pouvait pas être sa faute, ça ne pouvait
être au la mienne, et moi, je ne voulais pas
ça, je m’en souviens très bien,
je devais avoir douze ans, je ne voulais pas qu’il
me touche. Le dernier responsable qui pouvait rester,
finalement, c’était mon corps. Donc,
je me rends compte à quel point, j’ai
pu le maltraiter et à quel point, finalement,
il m’est resté fidèle, lui. Il
était très sportif…. en fin de
compte, j’ai un corps qui est quand même
assez sympa.. et maintenant, j’ai commencé
à apprendre à l’aimer et à
lui rendre un petit peu tout ce qu’il m’a
apporté. Effectivement, le sport m’a
beaucoup apporté et d’ailleurs, cet été,
on a été en vacances…. Il y avait
une petite montagne… qu’on a montée
à plusieurs et non seulement, cette fois-ci,
j’ai pris vraiment du plaisir à le monter
physiquement, mais j’ai pris conscience de ce
plaisir que mon corps avait à faire du sport,
donc que moi, j’avais du plaisir à faire
du sport. Il n’y a qu’au ski que j’avais
déjà eu cette émotion de trouver
un équilibre, justement, une vraie relation
entre mon esprit, mon corps, au travers du sport,
j’ai réussi à trouver …
j’ai encore du mal à parler encore..
ça vient tout doucement, mais effectivement,
je commence à trouver cet équilibre
entre un plaisir cérébral et un plaisir
physique, il y a un équilibre qui se crée
et avant c’était : je fais du sport pour
me défouler, pour permettre à mon corps
aussi de se défouler aussi… mais sans
vraiment, je dirais, avoir un plaisir, vraiment cérébral.
Les sports que je pratiquais, c’était
le basket… c’était uniquement parce
que parce que mes frères pratiquaient le basket.
Donc automatiquement, c’était pas moi
qui avais décidé de faire ce sport,
mais en tout cas, en entendant les gens, je prends
conscience à quel point, j’ai pu me maltraiter
et je ne méritais pas ça. Merci
Psychologue : Merci
Lise : On est au troisième
sous-thème là ? ou pas ?
Psychologue : oui, on est au
troisième sous-thème, en sachant que
il y en a parmi vous, je veux dire, on va continuer
d’intervenir sur la réalité corporelle,
effectivement, là on est effectivement, un
petit peu justement par rapport à la réalité
corporelle avec les limites et les empêchements,
c’est-à-dire qu’il peut y avoir
dans les contacts et positions au quotidien.
Mais effectivement, s’il y en a qui on encore
de éléments sur cette dimension de la
réalité corporelle,
Delphine : Les limites…
les traits qui me rappellent trop directement, les
viols de mon grand-père, pas simplement…
mais par exemple : être à quatre pattes,
c’est con ! mais par exemple en Taï chi
ou en sport, des fois il faut être à
quatre pattes pour j’sais pas quoi ! et là,
c’est impossible à faire, j’ai
immédiatement envie de tuer les autres, ou
bien de me barrer. C’est comme si tout de suite,
j’offrais mon derrière, on allait me
violer. C’est pénible, parce que du coup,
je ne veux jamais y retourner, je le fais, c’est
ça qui est chiant, je me mets comme les autres,
et en sachant que je ne dois pas, parce que je ne
peux pas le supporter. Après je ne supporte
pas et je ne reviens jamais. Ou alors, à la
piscine, enfin dans l’eau, pendant longtemps,
j’ai pas trop pu… je pouvais me baigner
un petit peu dans la mer, quand j’ai pied, ça
va, à la piscine je ne pouvais pas y aller
du tout parce que mon grand-père, après
quand il m’avait violée faisait des opérations
… enfin j’appelle ça comme ça
, des opérations de nettoyage, y’en avait
partout, fallait nettoyer moi, mes habits et tout
ça… et puis il faisait des noyades dans
la baignoire, je ne sais s’il voulait me tuer
ou tuer ce qu’il avait fait. Mais il me tenait
au fond et je… jusqu’à ce que je
suffoque et tout ça. Du coup, je ne peux pas
non plus… maintenant, je peux aller à
la piscine, je peux nager la brasse et dès
que je suis sur le dos, c’est immédiatement,
comme si il me tenait et que je me retrouve comme
quand j’étais tout petite quoi ! Tout
ça me redéclenche immédiatement,
…. Mais on peut vivre sans se baigner.. inaudible…
ce serait ça les positions, c’est ce
qui me rappelle trop, trop précisément
les gestes de mon grand-père, tout ce qui est
: je ne peux être au restau, dans les bars,
je ne peux pas être dos à la salle, ou..
ça toujours pas. En fait, tout ce qui me met
mon derrière un peu… je ne sais ce qui
peut arriver, c’est immédiatement angoissant
et impossible. Et …comme… je peux être
nue, mais je n’aime pas qu’on voit mes
fesses. C’est toujours un truc qui reste : protéger
mon derrière et … Je ne sais pas pourquoi,
j’ai envie de dire ça , mais l’autre
truc par rapport à mon corps et en public,
c’est que, … la grande question pour moi,
c’est tout le temps de savoir si j’ai
pouvoir faire pipi ou pas et où, et j’ai
toujours ce truc de … est-ce que je vais tenir
bon ? ou pas ? en fait est-ce que je vais tenir bon
de me retenir d’avoir.. de pisser. C’est
tout le temps une question qui est présente
qui peut être… c’est assez compliqué
au quotidien. Voilà ! c’est tout, il
protéger mon derrière. Ça me
reste un truc en permanence …
Psychologue : Merci
Judith : Je voudrais …
tout à l’heure, j’entendais des
choses qui me donnent envie de réagir, et …
j’espère que ça va être
encore là. Déjà, je considère
que le … je me refuse de penser que les difficultés
du corps sont une fatalité, c’est quelque
chose que j’ai vraiment envie d’avancer
là-dedans, ça c’est clair. Alors
pour revenir sur le thème des postures, ce
qui a été dit. Moi, aussi, j’ai
beaucoup de mal avec des postures auxquelles je consentais
notamment dans des séances de préparation,
ce n’est pas du taï chi, c’était
en tout cas un travail sur le corps, j’ai beaucoup
de mal avec ça, notamment, prendre toutes les
positions accroupies et autres, donc j’ai joué
le jeu, je faisais comme les autres aussi. Et c’est
extrêmement difficile après, en fait,
j’étais dans un mal-être sans pouvoir
mettre des mots dessus, même pour moi…
c’est venu que des années après.
Et autre chose qui est en train de vouloir partir
au moment où j’essaie de parler, c’est
extrêmement difficile, … c’est la
question du mode d’emploi du corps, je sens
bien ça vrai pour moi, c’est que…
la difficulté pour moi, en tant que incestée,
c’est de considérer que l’autre
doit avoir le mode d’emploi et que ce n’est
pas à moi de le fournir en plus. Je dois vraiment
deviner ce qui se passe, où sont mes difficultés
et composer avec ça . Alors ça évidemment,
avec ça, on est mal barré, et .. je
vois bien toute la part que je laisse aux autres,
à l’autre de comprendre ce qui va pas,
j’attends de lui ou d’elle le contact,
l’initiative et surtout l’assurance et
la confiance qui peut être là pour moi,
me donner la motivation et le désir d’aller
plus loin, mais c’est extrêmement compliqué
à résoudre. C’est vraiment…
dépasser ça, c’est arriver à
composer avec ça… je ne sais pas…
je…j’ai envie, mais je ne sais pas, je
ne sais pas faire ; pour l’instant ; il ne tient
qu’à moi de travailler sur … la
compréhension pour commencer puis arriver à
en parler. Puisque c’est… à mon
avis, ça passe beaucoup par la parole, c’est
clair que … par la confiance du toucher, aussi,
par le toucher vis-à-vis de l’autre et
par la parole, c’est évident. Je crois.
Maud : Je voudrais juste dire…
depuis que j’ai réalisé l’abus
que j’avais subi, j’ai aussi pris conscience
de mon espace vital, c’est-à-dire que
l’espace qui m’était propre autour
de moi et que dès qu’on rentrait dedans,
je me sentais agressée, j’étais
mal à l’aise, ça me mettait…
en général, j’ai des réactions
un peu excessives donc les gens ne comprenaient pas
très bien, mais j’ai pris conscience
que j’avais droit à mon espace, et qu’on
n’était pas obligé d’empiéter
sur mon espace. J’ai l’impression qu’on
m’empiète, moi, c’est-à-dire
physiquement. Et… donc c’est, effectivement,
… inaudible… je supporte plus qu’on
me colle comme ça sans raison. Si c’est
mon copain qui vient me faire un câlin, ça
me dérange pas, une amie qui a envie de me
prendre dans les bras, je suis assez affectueuse et
câline, mais se coller à moi, pour regarder
par-dessus mon épaule ce que je suis en train
de faire, j’ai l’impression d’étouffer.
J’ai des ami(e)s qui ont cette attitude insupportable
et il y a très peu de temps, j’ai réagi
assez violemment, et dire : pff… oh…je
ne supporte pas qu’elle vienne me coller. Quel
est ton intérêt à me coller ?
tu me gènes, tu me colles partout et …
je réagis de plus en plus et je me dis que
c’est bien parce que … parce que…
ben parce que les gens
vont pouvoir reprendre leur place vis-à-vis
de moi et puis suffisamment envahie, même si
c’est déroutant pour eux, j’ai
jamais rien dit. Ils vont pouvoir… enfin nos
relations vont être plus saines, c’est-à-dire
plus respectueuses
Psychologue : Merci
Christelle : Moi, je veux rajouter
que on peut… moi, personnellement je me sens
très raide au sujet des postures, il y a un
manque de souplesse qui est évident, donc,
ça .. ça réduit le contact et
je pense que pour tout ce qui est corporel…
l’attitude corporelle , il n’y a rien
d’invincible, c’est pas la faute du corps,
je pense que c’est l’esprit qui pose sur
le corps des jugements en particulier, les mots sont
chargés affectivement… ont une charge
affective qui rend la relation difficile mais c’est
avant tout, c’est ce qui se passe à l’intérieur,
la gène est avant tout verbale, mais elle va
jusqu’à se mettre, elle est verbale parce
qu’elle n’a pas pu être exprimée
et traduite. Le corps finalement ne fait qu’être
l’instrument de la pensée ou en tout
cas des émotions et alors, et ce qu’il
transcrit, c’est la colère, c’est
une certaine raideur…c’est la distance,
la colère… ce ne sont que des réactions
par rapport à ce qu’on a vécu,
par rapport à des sentiments sacrifiés,
des... par rapport à des notions de violence,
le corps transcrit, il se raidit sous l’effet
de l’effroi, de la peur de la surprise et on
supporte mal les contacts, pour ses raisons-là,
on ne sait pas si on ne va pas être agressée,
donc on réagit mal. Voilà
Psychologue : merci
Valentine : Moi aussi,je pense
à une posture, à une pratique qui est
la fellation qui peut vraiment me poser problème
et surtout ce geste de me mettre la main sur la tête
pour accompagner la fellation, ce geste de mettre
la main sur la tête, ça me donne envie
de vomir…il y a une envie de vomir qui monte
immédiatement et je suis obligée de
m’arrêter, de dire stop et … c’est
presque plus le geste de la main…s’il
n’y a pas ce geste, là, la fellation
peut arriver à se faire, même si je ne
prends pas de plaisir, là je fais plaisir à
mon partenaire. Si jamais, il a le malheur de faire
ce geste, d’une certaine façon ; je me
sens forcée, là c’est tue-l’amour.
Tu rentres chez toi
Psychologue : merci
Irène : mémoire
incorporée, cela me fait penser, dans mes relations
sexuelles, je réalise de plus en plus ça.
Je me pose plein de questions sur : comment faire
? est-ce que il s’agit de garder… enfin,
j’ai l’impression que justement …
tiens la fellation, je me dis, tiens, c’est
pas ça, c’est autre chose. Finalement
je me demande … inaudible ….sur ce que
j’ai accepté dans les relations sexuelles,
tout ce que mon père a fait avec moi, donc
le reste, la fellation…inaudible… je suis
partante. Ça me donne une sensation, ça
paraît étrange à dire, mais de
totalement libre, bien … que je réussis
à faire, parce que justement, c’est pas
relié à ça, D’autres choses,
des caresses.. inaudible… ça passe très
mal, j’ai horreur de ça, parce qu’il
s’intéresse à moi, dans l’intimité.
Il faut vraiment que je sois très en confiance…inaudible…
Il faut vraiment que j’accepte …inaudible…
Il y a vraiment une mémoire incorporée
… inaudible… il y a les seins par exemple,
j’ai pris conscience que mon père était
un peu accro par rapport à ça, je pense
que depuis toute petite, il faisait ma toilette, c’était
incestueux, mais à partir du moment où
j’ai commencé à avoir des seins,
c’est là où j’ai réalisé
que c’était quelque chose ne se faisait
pas et qu’il faisait. Le fait qu’il …
Inaudible … il s’est mis à me toucher
les seins, là j’ai réalisé
qu’en effet, il n’était pas forcé
de faire ça… inaudible… Il le faisait
absolument en public et donc du coup, les hommes avec
qui j’ai eu des relations un peu longues…parce
que les autres ne se rendent pas trop compte parce
que ça passe vite, étaient très
frustrés par ça, parce que je veux dire,
toucher cet endroit-là, ils espérait
que ça me fasse plaisir, donc j’ai fini
par dire clairement : non , non seulement ça
ne me fait pas plaisir, mais c’est que je sens
rien, ce rien est de l’ordre du malaise, rien
mais en même temps, si je réfléchis
bien, si je commence à sentir des choses, c’est
vraiment de l’ordre de la nausée, quelque
chose comme ça. C’est très bizarre,
rien que d’en parler, je commence à avoir
chaud, je me sens bizarre, c’est vraiment la
naissance du malaise, de sentir que petit à
petit … inaudible …que quelque chose n’allait
pas, c’est vraiment dire, ça, ça
va pas. Je sentais bien que la relation n’était
pas celle d’un père avec sa fille, j’étais
totalement incapable, non seulement de l’arrêter,
mais de pouvoir l’arrêter, j’allais
presque m’offrir à ça …
je me baladais, la poitrine .., en culotte, sans soutien-gorge,
en été, quand il faisait chaud, j’étais
juste en maillot de bain avec les seins à l’air,
il y avait mon père qui avait soit le regard,
soit les mains dessus. Et ça par exemple avec
un homme, comme tu disais tout à l’heure
: on peut vivre sans nager, est-ce qu’on peut
vivre sans accepter d’être touchée
à tel endroit, puis à tel autre, puis
à tel autre et puis des tas de choses comme
ça. Des gestes, pas seulement une posture,
c’est une façon de s’approcher
de moi. Quand je suis avec un homme, je ne veux pas
qu’il se couche derrière moi, qu’il
m’attrape par derrière, … parce
que c’était mon père qui venait
se coucher dans le lit et derrière moi. Donc
il a fallu rarement que j’en passe par des explications,
j’ai l’impression de leur faire une sorte
de travail de mise au point tout d’abord, j’ai
toujours peur que ça finisse par tuer un peu
le charme de tout ça, on ne peut pas toujours
en parler. Ben non, j’aime pas comme ça,
je préfère encore que me tapes sur l’épaule
et que tu me dises « retourne-toi »…
rires… après je peux changer de posture,
mais c’est ce côté incidieux…
voilà ! j’ai essayé de faire comprendre
ça. Donc j’ai été mariée
pendant une douzaine d’années avec un
autre homme à qui je n’ai jamais pu dire
ça. Et du coup… je me laissais faire,
c’est normal, il n’y a rien d’épouvantable,
il s’approche de moi, il me prend dans ses bras,
il commence à m’embrasser et puis, il
m’amène à autre chose… je
le sens , je me laissais faire. Et en même temps,
en cherchant des prétextes pour dire : ben
non, finalement, j’ai mal à la tête
j’ai mal au cœur, j’ai mal au ventre,
j’ai mal quelque part, je ne sais pas quoi.
Puis, c’est vrai que c’est très
déplaisant. Maintenant, je fais autrement,
c’est-à-dire que, je parle, j’explique
telle ou telle position, telle façon de parler
de , même de mots, une façon d’appeler
les choses, .. me rappeler quelque chose. Il suffit
que ce mot-là… là encore, pendant
longtemps, j’ai réalisé que je
ne supportais d’entendre parler de jeux érotiques…
Non, je ne supporte pas ces mots,ça me paraît
répugnant…je préfère mille
fois qu’on me dise : « je vais te baiser
», ça, ça ne me choque pas du
tout parce que justement, c’est de l’ordre
de la sexualité adulte que j’ai appris
par moi-même et en même temps de faire
une scission comme ça, c’est pas supportable
parce que ça me fait mettre de côté
des contacts, c’est une mode de contact avec
les autres qui, je peux pas tous les deviner, je ne
supportais plus qu’on me caresse le dos, quelque
chose comme ça, je ne supportais plus rien.
Donc, j’ai beaucoup de mal à trouver
le moyen … inaudible… de me réapproprier
ce geste-là qui soit entre moi et quelqu’un
d’autre, ou penser bouger pour moi toute seule,
avoir du plaisir pour moi toute seule, que ce ne soit
pas entachée, souillée, par la mémoire
de la première fois où ça a été
fait. C’était pareil pour le fait d’embrasser
sur la bouche, avec la langue, …inaudible…
pendant longtemps je le faisais comme un boulot où
on me dit ben faut faire ça…avant de
pouvoir accepter c’est ma bouche à moi,
c’est un endroit, mais cette histoire-là,
elle est derrière, … en me disant : je
n’y pense plus, ça va finir par tout
nettoyer en embrassant un certain nombre pour que
j’oublie complètement mon père…
finalement maintenant, je commence à me dire
depuis plusieurs années, c’est d’en
parler, je m’en fous, ça va quand même
mieux, en me disant clairement, si tout va bien, en
fait, ça me rappelle que ce n’est plus
mon père. Ce que je voudrais, c’est que
quelqu’un me passe la main dans les dos…(Fin
de la cassette)…. dès le début
en plus, à l’origine, ça a été
souillé…ça été une
mémoire incorporée, pour moi, elle est
plus qu’incorporée, e tatouée
au fer rouge, à l’intérieur, comme
une infection, ça s’est infiltré
partout et que pour la sortir, finalement, j’ai
tendance à penser que c’est la parole,
le seul moyen que j’ai trouvé ici, en
psychothérapie, mais ça met beaucoup
de temps, il y a encore des trucs qui restent comme
ça, très, très sensible, très
problématique.
Psychologue : Merci
Lise : J’ai entendu des
choses très lyriques, très amoureuses,
très belles et moi, ce que j’oppose dans
ma vie, enfin ce que j’oppose et que je pose,
régulièrement, c’est une hygiène
drastique, quoi ! ma toilette rectale, c’est
quelque chose que je fais avec le maximum de soins
et voilà ! donc avec tout ce que j’ai
entendu, c’est ça que je peux dire ça.
Voilà !
Psychologue : Merci…. Juste
il est, effectivement, dix sept heures, c’est
l’heure de fin de notre atelier. Je vous propose,
si tout le monde est d’accord, qu’on prenne
encore cinq à dix minutes, je veux dire, puisque
on a eu un léger décalage entre, les
sous-thèmes. Si effectivement, il y en a parmi
vous qui veulent intervenir sur cette question des
limites et des empêchements
Mireille : Oui, moi, je veux
bien je voudrais revenir sur deux choses. Je vais
dire que je me suis considérée, tout
est relatif évidemment, handicapée du
toucher. Il n’y a pas très longtemps,
quand je dis bonjour à quelqu’un….
je trouvais que la méthode anglaise, voir les
gens et dire : Hello, c’était plus facile
parce qu’on ne sert pas la main, même
si on fait la bise à quelqu’un, faut
qu’on mette la main sur l’épaule
et maintenant, j’ai fait l’effort, je
m’y suis habituée, donc ça , j’ai
fait des progrès. Cet aspect un peu handicapé
du toucher, c’est vrai je trouve … qu’est-ce
que je trouve ? oui, il y a des groupes où
tout de suite, les gens se font la bise, ça,
ça m’énerve un peu. Sur autre
chose… tu as dit : par rapport à la passivité,
moi ce qui me reste comme handicap… peut-être
encore maintenant, c’est la passivité,
j’ai du mal… c’est-à-dire…enfin
dans la vie intime, je suis plutôt dans l’attente,
j’attends et j’ai beaucoup de mal à
dire ce que je veux, je sais dire après, ce
que je ne veux pas, mais…j’ai beaucoup
de mal moi-même, à savoir encore ce que
je veux ou ce que je ne veux pas. Ça m’est
très très difficile de l’exprimer.
Voila !
Psychologue : Merci
Yvette : Tu as parlé des
limites, puisque que c’était le thème,
donc j’ai fait une analyse de plusieurs années
et au début d’analyse, je me suis rendu
compte que, il y a un nouveau fantôme qui est
apparu, c’est-à-dire que lors de relations
sexuelles, je me sentais littéralement envahie,
mais pas physiquement, psychiquement, c’était
vraiment mental. Et ça engendrait chez moi…
donc je pleurais. Je pleurais mais, sans vraiment
percuter, enfin, je ne savais pas qu’est ce
qui était en jeu à ce moment-là.
Et puis au fur et à mesure, ça s’est
estompé puis ça a disparu, d’ailleurs
comme c’est venu, et … par rapport aux
relations sexuelles, toujours, puisque je trouve que
c’est important pour moi…donc je me suis
mariée et c’est quelque chose que j’ai
déjà dit les autres fois et j’ai
voulu ne pas avertir mon mari de la chose, parce que
la seule solution, à mon avis c’est de
ne… pour moi, je ne veux pas parler pour les
autres, c’est de ne pas rester enfermée
dans un rôle de victime, c’est-à-dire
que si je préviens mon mari, je suis à
peu sûre que le prétexte est tout trouvé
pour rester statique… Je n’ai pas envie
de rester sur place, donc la seule solution pour me
forcer à avancer, c’est de jouer la carte
de la normalité et je ne peux pas me refuser
à lui au-delà d’un certain délai,
selon des rythmes, je ne veux pas dire par là
que c’est : tous les tels temps , mais ça
me force à avancer et contrairement à
Madame qui elle a prévenu son mari, c’est
peut-être plus facile , pour moi, finalement
parce que je suis obligée d’avancer quoi
! voilà ! donc c’est une thérapie,
finalement, mais ça demande aussi beaucoup
de volonté parce que c’est difficile
de se taire, mais bon ! se taire, je suis formatée
pour, donc, dans un sens, c’est pas trop compliqué
non plus, surtout dans la limite où je peux
l’exprimer ici et dire : voilà, j’ai
tel problème. Ça été la
solution pour moi, pour avancer et pour ne pas me
trouver des arguments. Voilà !
Psychologue : Merci
Stéphanie : J’ai
aussi besoin d’un espace autour de moi, si bien
que je n’arrive pas à le dire, en plus
aux gens … comme de regarder par-dessus mon
épaule, le livre que je lis. Je n’arrive
pas à leur dire, que ça me dérange
et il m’arrive souvent dans le même sens
… entre autre, il n’y a pas très
longtemps je l’ai vécu avec mes enfants
qui voulaient un article dans un magasin, j’ai
dû les envoyer assez loin dans un autre rayon
pour que ça me permette moi, de chercher. Parce
que, si des personnes sont autour de moi, cela m’empêche
même de réfléchir, je ne peux
même pas me concentrer sur ce que je veux faire,
mais c’est avec n’importe qui, ça
peut être des enfants petits, des adultes et
pourtant des enfants petits ne sont pas méchants,
je dirais, et je ne crains rien avec eux, mais….
Inaudible… et je voudrais ajouter autre chose,
maintenant, ça m’a passé, très
souvent, je me fais des bleus, je ne faisais pas attention,
un encadrement de porte, je vais me cogner dedans
… C’est des choses que je fais plus, ça
! Des fois, j’ai envie de me torturer le corps
pour me dire : parle-moi, parce que j’ai l’impression
qu’il n’existe pas, que je sens rien,
en fait, je sens rien à tel point que les douleurs,
la cicatrice, pas la cicatrice, mais une blessure,
moi, je me demande, je suis pas douillette, c’est
certain, mais la douleur, j’ai l’impression
que je la sens pas
Psychologue : Merci
Nathan : moi, je voudrais parler
sur les empêchements au niveau du corps, moi,
ça me fait tout de suite penser, à la
sexualité pour mon cas qui est impossible pour
l’instant. Avant l’amnésie, c’était
vraiment de gros blocages, à aller vers l’autre
tout ce qui était affection, c’était
de gros blocages, je ne savais pas pourquoi et donc
là, maintenant depuis que j’ai levé
certaines choses de mon passé incestueux, il
se crée des blocages, mais ça se transforme
plus en souvenirs. Chaque fois que je veux aller vers
une fille, quelque chose comme ça, ça
me fait penser à des scènes de mon enfance,
avec mes parents, mes frères et sœurs,
et donc dans mon cas, ce que je voudrais faire, ce
serait de faire la différence entre le passé
et le présent, notamment je devrais savoir
que dans la vie d’aujourd’hui, je n’ai
plus aucun risque, quand même. J’arrive
pas encore à le savoir, je ne sais même
pas si j’y arriverai un jour… ça
j’arrive pas ; tout de suite, ça me remémore
des scènes de très grande violence dans
mon enfance. Ce qui me rend le contact physique difficile…
Valentine : je vais juste vous
dire au revoir parce que j’ai rendez-vous après.
Psychologue : est-ce quelqu’un
souhaite encore, effectivement, prendre la parole
dans le cadre de cet atelier ?
Maud : Moi, j’ai l’impression
d’avoir régressé sur le plan de
la sexualité, c’est-à-dire que
c’est… c’est vraiment de la régression.
J’étais un peu boulimique dans le nombre
de partenaires et le nombre d’actes et plus
ça va, moins j’ai envie et plus j’ai
de blocages et …plus il y a de choses, plus…
j’accepte plus de faire et c’est très
gênant pour moi, mais c’est aussi très
gênant pour mon compagnon, parce que, si à
chaque fois, je dis : « Ah ben non, ça,
tu comprends c’est pas possible parce que ça
me ramène à ça, et que donc,
si c’est pour faire l’amour en pensant
à ce qui m’est arrivée »,
ce n’est pas la peine…on arrive à
un stade où il ne sait plus comme faire Lui-même,
dit : alors, comment je vais faire ? je ne peux pas
faire ci, alors comment je vais l’aborder ?
c’est … je pensais pas que… le fait
de réaliser mon abus allait provoquer autant
de … galères…Qu’il y aurait
des conséquences.. enfin que des choses allaient
survenir… Je pensais que ça ne pouvait
pas être pire quoi ! Voilà !
Psychologue : merci, il est cinq
heures et quart, je vous propose que l’on termine,
j’veux dire, cet atelier aujourd’hui,
sur le thème, effectivement, « mon corps
au quotidien » Voilà, on peut mutuellement
se remercier pour la qualité de la parole qui
a été émise au cours, je veux
dire de cet atelier. Avoir effectivement des propositions
pour un prochain atelier, peut-être de rappeler
à tout le monde que quand, effectivement, il
y a une proposition d’atelier qui est faite,
sur le site, n’hésitez pas à intervenir,
à faire des propositions, éventuellement
des propositions de modification, je veux dire des
formulations qui sont proposées, même
si après, on en tiendra compte pour essayer
de trouver les formulations qui soient le plus en
adéquation avec les poins de vue de tout le
monde, mais vraiment, n’hésitez pas,
à partir du moment où il y a ces propositions,
à intervenir ou éventuellement à
amener des compléments, des propositions, des
modifications de formulation. Merci à tout
le monde et excellente fin de journée !
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