La sexualité (2)

AREVI . Atelier d’échange et de réflexion le 29 mars 2014-04-27
Thème : la SEXUALITE

Psy  : Je vais lire deux ou trois phrases du document déjà lu en juin … pour ouvrir la réflexion. Après vous marquerez chacun un mot qui va être anonyme sur un petit papier. Ensuite on les mettra dans la petite valise rouge ! et on va discuter autour des mots écrits. Je tirerai au sort « un papier » au fur et à mesure de l’avancée de l’atelier. Je lis :
«  Le corps crie, se griffe, se lave, se frotte, devient perméable, se craquelle, se lézarde, se mutile. Il se couvre d’eczéma et prurits, de psoriasis, de dermatoses… Contenant ayant la terreur des contenus à penser, il se boursouffle à l’obésité ou disparaître dans l’anorexie. Le sexe se ferme et se mure, s’inonde de pertes blanches ou de règles hémorragiques, s’assèche d’aménorrhées ou de sécrétions vaginales. » … « Le crime dit sexuel détruit les frontières inter-corps. Il développe un corps-à-corps d’excitabilité primitive de tension et de vidage pulsionnel archaïque, sommaire et déshumanisant. Le sacrilège réside dans la dévastation de l’esthétique de la sexualité partagée. Le don de la sexualité qui régit la dynamique du désir choit en déchet »… « Rendre la dignité à une victime, c’est de la penser dans son propre désir »… « Le crime du sexuel par le génital est néantisant … le criminel essaie de faire disparaître le désir. Quand on est soi-même victime… la pensée dans son propre désir …. désir très confus après l’inceste. « Le corps propre devient synonyme d’étrangetés, il n’est plus habité d’un sentiment d’identité. Il est dépossédé. Il appartient au violeur ainsi qu’à la scène criminelle… la victime dit : « je ne suis plus la même…  je ne m’appartiens plus… je ne me reconnais plus. »   « Le viol du fait de la pénétration elle-même bouleverse la topographie du corps et la topologie psychique de la victime. » Philippe Bessoles 2011.
Psy : Qu’est-ce ça fait comme écho dans votre histoire à vous ? car vous avez beaucoup à apporter afin de réfléchir sur ce que vous avez vécu. Vous écrivez un mot ou une pensée, une phrase … en pensant à la sexualité.

Première pensée : La peur de ne plus être

Psy :la personne qui a écrit la phrase n’est pas obligée de s’identifier. L’objet, c’est de retrouver chez l’autre, ce qui fait écho en soi-même.

Sylvette : ma mère disait toujours disait : la peur n’évite pas le danger… voilà la première association … pour moi, ce que ça me provoque… je vais réfléchir… je vais continuer… la peur de ne plus être, ça fait peur… c’est difficile à gérer… la difficulté est dans le mot… c’est pas anodin… de vouloir être , j’ai ressenti bizarre… la peur de ne plus être, parce que c’est dans mon sur-moi… je ne sais pas dans quel domaine ça se situe… de la psychiatrie… j’ai eu peur d’avoir peur de ne plus être.

Marie : moi, la peur de ne plus être, c’est la peur de mourir, c’est l’émotion de petite fille … ce qui n’est pas une sensation qu’on doit avoir à cet âge-là, à 8 ans, … qui a entraîné beaucoup de divisions, et qui a développé des angoisse à relier directement à l’acte sexuel … mourir … j’ai ré-éprouvé cette sensation avec des garçons que j’aimais.

Mireille : ça ne me quitte pas, je vis avec… ça me tracasse toujours actuellement, quand je fais l’amour, ça me traverse la tête… j’ai une peur comme si elle était abstraite, cependant mon mari est un être humain. Il a toujours été patient avec moi. Même quelqu’un de bien, peut toujours « péter » les plombs ; dans la rue, dans la famille… je n’ai pas une confiance extrême ; je me dis que ne peux faire confiance en personne. c’est un peu bête, car la vie, c’est faire confiance … on ne peut pas vivre, c’est un handicap de ne pas être. Savoir dire, ce que j’ai à dire, oser… je suis toujours coincée… Dire , dire quoi ? … peut-être que c’est toujours ça… toujours là… Si ! je m’exprime dans des lieux protégés, comme ici ; mon histoire, c’est mon histoire… elle est comme elle est. Etre guérie serait de dire : oui, j’ai été victime d’inceste et alors ? … ce serait de dire : je suis victime d’inceste, mais je ne peux pas le dire alors je me déteste.

Psy : dire, c’est un travail colossal,… intégrer ça dans son histoire qui n’est pas facile… mais c’est possible, mais ça demande beaucoup de travail. Pour revenir à la peur de ne pas être, moi, ça me renvoie à … certaines choses … en ce qui concerne le crime de l’inceste, c’est cette subjectivité qui a été vraiment anéantie. « Je te fais ça, tu ne dis rien », on utilise le corps de l’enfant… on s’en sert, Comment être ? comment avoir ce sentiment de continuité d’être, quand l’identité, … j’ai une histoire … qui ? a été bouleversée, pendant les actes incestueux, c’est terrifiant. Il y a un avant l’inceste : l’enfant grandit, construit son identité. La peur de ne pas être… ça me renvoie à une cassure qu’on impose à l’enfant… et la peur de mourir … Julia Kristeva dit : « l’inceste, ce n’est pas un crime contre la vie, mais un crime contre la mort, car c’est rendre le deuil impossible ». Là, elle pense que c’est criminel : l’être humain travaille pour accepter à faire des deuils, c’est un apprentissage… les enfants on va leur apprendre à se séparer : l’idée de mort elle est là, plombante, tout le temps. Par contre la peur de ne pas être, j’essaie de penser à la thématique d’aujourd’hui : la sexualité.

Mireille : … ne pas vivre complètement l’acte sexuel, ne pas être… tu parlais du don tout à l’heure. On ne peut pas donner, car il faut être entier pour pouvoir donner, ne pas avoir un corps morcelé.
Psy : se penser dans son propre désir, c’est difficile de se penser dans on propre désir quand on a été victime, déjà on a honte, on culpabilise.

Nicole : pour moi, c’est ne pas pouvoir penser, ça me renvoie à l’impossibilité de penser ; dont je n’avais pas conscience, je ne peux pas penser que je ne pensais pas ; mon travail, c’est de retrouver la conscience… dans le désir, à être, désir de vivre, s’il n’y a pas pensée, à cause du traumatisme, du choc, d’une incompréhension, elle est au cœur de la problématique.

Psy : La dernière fois, on a discuté longtemps sur certains thèmes et on n’a pas eu le temps de tout travailler. Aujourd’hui, on va respecter une durée pour chaque thème.

Deuxième pensée :
Le psoriasis comme symptôme du corps souffrant, quand l’esprit s’échappe

Sylvette : le problème de la somatisation … on somatise ; quand je revenais de l’école, mes yeux suppuraient, je ne pouvais plus ouvrir mes yeux… ça me sortait par les yeux, je ne pouvais plus ouvrir les yeux et… ça s’est passé tout seul … le mal sortait par les yeux, je ne pouvais plus ouvrir les yeux

Marie : ce n’est pas un symptôme de quand j’étais petite. J’ai eu cette maladie après que j’aie parlé d’inceste ; au moment de la parole… j‘ai parlé d’inceste car je souffrais… mon corps parlait pour moi ; je n’arrivais pas à exprimer ça ! Des symptômes sont apparus, d’autres ont disparu. Le psoriasis c’est de la colère contre moi-même… ne pas réussir à être bien, alors que je devrais l’être… encore vis-à-vis de certains hommes, pas mal d’homme, comme un besoin de me venger des hommes. En même temps, le corps souffrant : le psoriasis me rappelle le problème de l’inceste. Une souffrance… Les dermatologues ne demandent pas : « est-ce que vous reliez ça à un événement traumatique ? » , je ne me suis pas sentie en confiance avec ces personnes pour dire j’ai été victime d’inceste. Ma colère de ne pas savoir le dire ; je dirais que le corps dans l’inceste n’a pas tant d’importance que ça, la souffrance psychique a plus d’importance

Mireille : Ce qui m’interpelle … l’histoire des yeux, quand j’avais 8 ans. Il y a plein de choses qui ne sont pas revenues dans ma mémoire. Mais en entendant « Psoriasis ? C’est mon fils qui a du psoriasis je ne sais pas pourquoi … ma question, est-ce que le traumatisme peut être ressenti par son enfant, parce que je me suis tue pendant plus de vingt ans ; on n’en parle toujours pas, parce que je ne veux pas les embêter, je voudrais bien leur en parler, je suis toujours muette… c’était quoi la question ?

Sylvette : faire un parallèle avec ce qu’on a dit avant ; mon corps… je ne peux pas faire mon deuil ; tout seule chez moi. J’avais 20 ans j’étais comme une vieille ; le médecin m’a dit si vous continuez comme ça vous serez sur un fauteuil roulant. Ça m’a aidé à réagir, … c’est une lutte contre le corps contre l’esprit ; mes os, mes muscles mes tendons sont à cran… à ne pas pouvoir être…

Marie : … lâcher prise, mes muscles sont super-tendus. Aussi bien dans la sexualité, je n’arrive pas à être détendue, dans la confiance totale, c’est super compliqué.

Psy : c’est difficile de séparer le physique du psychique … où commence le symptôme ? psychique ou physique ? la séparation en relation avec la mémoire post-traumatique (voir le site de Muriel Salmona) les effets sur le cerveau, de la peur par les sécrétions de neurotransmetteurs … il y a une mémoire du corps qui a eu tellement peur. Le corps se crispe, est tout tendu… ce corps qui a un moment a eu tellement peur. Par exemple des enfants gardés tous les mercredis chez le grand-père abuseur … l’enfant pouvait prévoir… mais souvent l’abuseur débarque là sans prévenir, le jour, la nuit, la tension est là en permanence. Les mémoires du corps et du psychisme sont complètement liées.

Marie : il y a cette idée de souffrance psychique au-delà… de la souffrance du corps… tant que j’ai encore du travail à faire sur moi-même… j’ai encore du travail à faire !

Mireille : mon autre fils m’a dit ; aussi que les souffrances physiques n’étaient rien par rapport aux souffrances psychiques !

Psy : des psychanalystes ont émis l’idée que la souffrance est mise en « crypte » et ainsi, elle passe à la génération suivante !

Mireille : mon fils quand je lui ai dit pour l’inceste, … il a réagi violemment… je vais aller le déterrer et le retourner dans sa tombe… puis il a ajouté : de toutes façons tu as toujours tout fait pour nous protéger de cette famille. Je n’ai pas eu la force de lui demander pourquoi, il avait dit cela… je ne suis pas capable de demander … je me pense comme une personne distante, froide, clivée, et peu affective…. je m’éloigne du sujet ? Je ne sais pas…. ce qui est intéressant c’este d’entendre les autres du groupe parler … c’est la richesse, d’avoir un regard autre… qui aide à se construire

Marie : psoriasis signifie : colère rentrée

Mireille : ça t’est arrivée plusieurs fois ?

Marie : arrivée à des endroits « stratégiques », dirons-nous, la zone génitale

Psy : haine de soi comprise comme l’identification à l’agresseur. Ce qui rend humain … c’est de parler sinon, on va essayer de séduire l’autre… un adulte… qui fait subir ça à des plus jeunes à la fratrie… cette haine qu’on ressent chez l’agresseur, on (la victime) va se l’approprier… ce n’est pas une pédagogie… il faut tout un travail d’intégration, l’idéal serait d’arrêter la haine de soi… ça demande beaucoup de travail !

Marie : je me demande si ça n’est pas une autopunition… responsable, coupable de quelque chose … une mauvaise image qu’on peut avoir de soi-même

Psy : je vais aborder un sujet qui fâche … quand l’enfant a ressenti du plaisir. Le corps a répondu … une réponse mécanique… c’est dur pour la personne adulte d’aborder cela ; la culpabilité étant énorme, ce n’est pas facile à faire comprendre. La personne de l’autre génération, de la position de pouvoir doit se l’interdire ; l’enfant veut de l’affection, uniquement, pas du sexuel ; le plaisir parfois arrive…

Mireille : quand tu dis cela, tu t’adresses à des gens responsables … tout ce que tu me dis ça me parle, j’ai ressenti du plaisir … moi, ça c’est fait en séduction, j’étais contente, quelqu’un s’occupait de moi… j’ai toujours été jalouse de ma grande sœur… en face de toi, l’adulte doit réagir… moi, j’étais contente, il a commencé par des attouchements sur son vélo… j’y retournais tout le temps … jusqu’à la scène du viol. J’ai cru que j’allais mourir, la question : c’est bizarre que ça n’ait pas continué… peut-être que j’ai été protégée. A l’adolescence, j’ai fui, même en temps avec un désir secret que ça recommence, peut être que le traumatisme serait qu’il n’ait pas continué ; J’ai réussi à toujours mettre de la distance ; il jouait à avoir une figure très paternelle. Ce que je dis aujourd’hui, ce n’est pas venu tout seul, si je ne peux pas condamner, c’est moi qui perpétue. Je ne suis pas claire … en même temps, quelqu’un s’occupait de moi… Puis j’ai eu une adolescence difficile, je ne pouvais pas aborder les garçons.

Psy : tout enfant construit des théories sexuelles, des processus de pensée, l’inceste bloque le processus de pensée. Parmi les fantasmes… le fantasme de séduction d’un adulte, apparaît dans le développement normal.

Mireille : L’adulte serait pour moi toute seule ?

Psy : Le fantasme, c’est que ça doit rester fantasme. Etre désiré(e) par un adulte, ça doit rester un fantasme. C’est l’interdit qui fait qu’on va chercher à l’extérieur de la famille ; l’excitabilité … l’enfant va la retrouver ailleurs ; l’inceste, ça bloque le fantasme et le lien à l’autre. Tout lien devient dangereux. Quelqu’un a encore des choses à dire ? pour les symptôme du corps ?

Sylvette : Quand je commençais tout juste à découvrir… la psychiatre m’a reproché … et j’aurais dû accepter ce plaisir !

Psy : les professionnels ne sont pas tous préparés

Marie : ce qui m’a aidée… ce sont les garçons du groupe de parole qui s’exprimaient nettement … qui ont dit le plaisir … le premier viol, fut violent… le plaisir est apparu dans les séductions suivantes.

Psy : d’où l’importance de sortir du silence

Marie : les psy ont du mal à aborder cela

Mireille : il faut changer de psy…

Troisième pensée : Entre le don et le déchet : la disparition

Marie : Etre un déchet vivant… j’ai eu longtemps l’impression d’être un déchet… j’ai fait du sport…

Nicole : le don, c’est la base de la relation sexuelle … Grand écart entre vivre et mourir. La solution que j’ai trouvée… c’est faire disparaître toutes les sensations. Et parce que je ne peux pas penser ces deux choses antinomiques en moi… toujours le problème de la pensée… un grande souffrance… don et déchet : deux mots que je mets toujours en parallèle ; ma peinture, je peins sur des toiles sur lesquelles je marche… je vais rehausser avec des matières, du médium, des vernis, des couleurs …

Psy : thématique récurrente toile = peau

Nicole: se refaire pêle-mêle… toile boursouflée, des formes, des fleurs ; symbolique important pour ma reconstitution

Psy : c’est une reconstruction quelque part

Nicole : c’est très long ; je dialogue avec ma toile D’abord, je fais émerger sur le sol de l’atelier… Je prends des toiles qui ont servi à protéger l’atelier, je recompose…

Psy : tu crées quelque chose

Nicole : disparition, moi, je n’apparais pas… j’ai l’impression que … et encore, j’ai de la chance d’arriver … à force de souffrir dans ma pensée…

Psy : c’est le contraire de la disparition

Mireille : tu ne te sens pas dans l’œuvre ?

Nicole : mon œuvre n’a pas de statut, ceux qui la regardent, aiment ce que je fais, mais moi, ça me paraît indécent…

Psy : intime

Nicole : c’est du travail, je vais y arriver.

Psy : ça ma fait penser… le crime sexuel, de façon générale, c’est la position de l’être humain, de la sexualité… c’est déjà pas évident de vivre normalement … la sexualité, c’est pas facile pour tout être humain. L’inceste empêche de sortir du silence… déjà venir dans une association… prouve qu’il y a du chemin parcouru. L’idéal, normalement, on arrive à grandir dans sa sexualité, c’est tellement dur … pour l’être humain. La femme doit être bien tranquille dans … une position de passivation … différent de passivité. Passivation veut dire : se rendre passive (pour la femme)

Mireille : c’est la passivité ? une acceptation de la passivité ?

Psy : La petite fille vit un changement corporel … dans son histoire … accepter que le corps, se laisser pénétrer, le viol, c’est une passivation ; Don et déchet, je pensais à la passivation. Il y a aussi le côte que l’être humain doit assumer, inconsciemment, on a tous un peu du mal … dans l’inceste l’élaboration est rendu impossible  ; la femme de se laisser faire ???. Dans le viol, le corps devient une poubelle pour une décharge mécanique sur le corps de l’enfant ; ce n’est pas une passivation élaborée

Mireille : je voudrais poser une question : la petite fille qui lui apprend tout cela ?

Psy : c’est le rôle de la mère, féminine et tranquille, aimante pour son mari, ayant un rôle d’adulte. Les médias, l’école, les copines, jalouse de la belle copine, et la rencontre avec un homme aimant et acceptant avec une certaine délicatesse qui va respecter le corps de la femme. Ce qu’on observe dans l’inceste, les mères sont en difficulté… la mère dit « la peur n’évite pas le danger ». Pour l’enfant, il n’y a aucune sécurité

Sylvette : il faut accepter cela comme manger

Nicole : … côté mécanique, une mère n’est pas là, donc c’est difficile de s’identifier à une femme comme ça… en même temps c’est la mère ; contradiction très difficile ; sexualité, plaisir, asséchée ? moi, j’étais une petite fille vivante, pleine d’énergie, je me suis confrontée à cette mère.

Mireille : comment tu sentais ça ?

Nicole : ma mère est très catholique, très pratiquante. Mon grand-père aurait vu des apparitions de la Saint Vierge… Elle m’a dit qu’elle ne supportait pas mon père dans sa sexualité… il faisait des demandes… Un jour, je suis tombée sur une photo de ma mère faisant une fellation à mon père… photo prise par quelqu’un ? ou appareil photo sur un pied ? Le sperme coulait sur le visage… fascination, répulsion… Puis un jour la photo a disparu… Ma mère très puritaine n’a pas supporté mon père qui demandait des choses…

Psy : Qui va aider la petite fille ? … tomber sur une telle photo, c’est traumatique ; l’enfant n’a pas à connaître la sexualité des parents.

Nicole : mon père lisait des revues pornographiques,… je me demandais ce que voulaient dire les mots comme… cunnilingus ?

Sylvette : les romans photos, je ne comprenais pas… il y a 20 ou 30 ans, il m’était impossible de pouvoir lire une première page…. Des romans où on fait l’amour, je n’en vois pas l’utilité. J’avais un complexe de ne pas pouvoir lire les romans photos

Mireille : ça ne t’intéressait pas ? C’était un interdit ?

Marie : on n’arrivait pas à nous identifier

Sylvette : par contre la littérature, j’adorais

Psy : le processus de pensée disparaît … ne vit pas … on ne peut imaginer…

Marie : ma mère athée, ultra- sacrificielle… ça me fait penser à un poème « l’albatros » [poème de Baudelaire] j’ai cette image de ma mère, ses enfants sont sa priorité … en s’oubliant elle-même ; mon père était une menace pour ma mère ; mon père a des demandes sexuelles auxquelles ma mère ne pouvait pas répondre ; j’avais beaucoup de haine contre mon père et non contre mon frère [mon abuseur]

Mireille : tu n’as jamais eu peur de ton père ?

Marie : si ! il était très macho, dominateur et violent, méprisant pour son épouse

Psy : réfléchir sur tout ce qui se passe

Marie : pouvoir dire à au dermatologue … ce n’est pas à la personne qui a subi l’inceste d’avoir honte
Inaudible…

Marie : à cause d’une fragilité de la peau, d’un risque de cancer, ma peau est très surveillée.

Psy : Je te conseille de lire : le moi-peau de Didier Anzieu

Quatrième pensée : Meurtrissure menant à la désorganisation physique

Marie: je m’évanouissais tout le temps, le corps est là mais la tête n’est plus là ! je disparaissais. , J’allais chez le véto, je m’évanouissais, je voyais une photo dans un magazine deux siamoises attachées pas la tête … dès que j’étais mal à l’aise, je m’évanouissais… dans des les lieux médicaux, j’avais peur des médecins,

Sylvette : je tombais tout le temps dans les pommes : , je poussais un cri et je tombais par terre ; je m’aperçois que c’étaient des alertes. Aujourd’hui, plus je reviens sur le mal que j’ai… plus j’avance, plus je me fais rattraper ; même si j’avance, dans mon esprit, je n’avance pas tant que ça… Plus je me dis ça va aller mieux ; plus des symptômes nouveaux apparaissent, plus …

Psy : moi, je peux dire que depuis que tu viens… au niveau des tes témoignages, il y a eu des changements
Sylvette : plus j’ai l’impression que j’éloigne le mal, ce n’est pas normal… le mal revient sous une autre forme

Psy : je pense je vais oublier, ça va passer … ça demande du courage de penser ; c’est cette conscience-là qui te permet de penser, tu dois passer par là ; c’est difficile à nommer pour un enfant de ne pas penser, ne pas nommer…

Marie : on est obligé d’y penser pour ensuite mettre à distance

Psy : se séparer de l’expérience directe non symbolisée, en essayant de mettre des mots… cela va faire cet écart

Mireille : tu es en chemin

Sylvette : mais c’est long ! il faut vivre avec ce qu’on apprend de ses parents !

Mireille : quand tu étais petite fille… tu ne peux pas la renier… c’est là. Moi, je dis ça aujourd’hui, mais j’ai mais un temps fou pour m’autoriser à dire.

Marie : au début, j’étais extérieure, puis … dedans j’ai pris conscience très douloureusement de ce crime… puis je vis avec

Sylvette : se reconstruire 30 ou 40 ans après c’est difficile

Nicole : la désorganisation, ça me parle beaucoup, je suis toujours en train de ranger, je peins, j’entasse des trucs… des merdes, je vois ce que je peux faire avec…   me laisser envahir par tous ces trucs en étant incapable de les organiser, vivre peu à peu dans l’appartement avec ce moins en moins de place… Quand le père de ma fille m’a proposé de vivre avec moi dans un nouvel appartement …
Aujourd’hui, j’ai un appartement « vide » dans lequel je peux circuler…

Marie : … il me manque l’organisation… , je remets ça entre les mains de ma mère. Je dis à ma mère : je ne sais pas faire ! … toujours le bordel ! Souffrance ; être à l’heure pour un rendez-vous, trouver les papiers importants au dernier moment, génèrent du stress… je demande une formation, il faut que je cherche … des fiches paies… je suis incapable de les retrouver… je ne sais plus quand j’ai commencé à travailler… ne pas savoir quel âge j’ai…

NIcole : la souffrance, jouir, pas d’orgasme quand je suis avec un partenaire… la jouissance (au sens large), j’ai envie de la virer tout le temps….souffrance de commencer plein de choses sans les terminer, jamais aller au bout et d’avoir la satisfaction. Quand, je finie quelque chose… j’ai énormément de jouissance … quand j’arrive au bout de la toile. Souffrance de ne pas aboutir.

Mireille : moi, j’ai l’impression que je passe ma vie à ranger. Je cherche et je ne trouve pas… je passe des heures et des heures à chercher, quelque chose important j’ai changé mon rangement, l’an dernier… depuis un an je suis déstructurée… j’ai passé tant d’année à me dire : peut-être que je vais oublier (le traumatisme) en fait, je n’avais jamais été au cœur du problème. je n’ai jamais été suffisamment déprimée.

Psy : les victimes se construisent en faux-self

Mireille : j’ai toujours été quelqu’un qui va bien, mon symptôme c’est la fatigue ; si je m’étais écoutée ce matin, je ne serai pas venue cet après-midi, là ça va mieux ; Un psy m’a dit : Madame, regardez le chemin parcouru ! ». Ma première psychanalyste m’a tiré « les vers du nez »; … les paroles comme une distillation lente… alors que pensais que c’était suffisant d’avoir dit : j’ai été violée

Psy : il faut parler de l’enfant qui a vécu

Mireille : pour moi, c’était une victoire de dire : « j’ai été violée »

Psy … désorganisation du psychisme,

Mireille : Ce manque de structure… ça m’a nuit dans mes études, dans des devoirs, j’oubliais… je considère que c’est un handicap

Sylvette : quand j’étais petite… mon père et ma mère, mari femme, sans échange, sans accord, sans acte sexuel. Je reproduis ce que j’ai subi ; j’ai du mal avoir des échanges amoureux, je reproduis j’attire les prédateurs. « toi quand tu as des bonne occasions tu les rates »

Mireille : tu n’arrives pas à entrer en relation ? tu as l’impression que ce sont des prédateurs

Sylvette : … mais pour une relation durable, c’est très difficile ; ça s’est passé dans le secret dans le silence ; c’est arrivé » brutalement. Maintenant j’ai compris ; mais je suis encore comme une petite fille sans raison … qui ne peut pas raisonner. Mon abuseur était sans charme, grand et très laid, il se sentait repoussé par la société

Psy : un abus de pouvoir … séduire un enfant … de comprendre ça, ça va t’aider aussi ? c’est important de travailler sur le mots ; je n’ai jamais vu d’écrit nommant les mots dits par l’agresseurs. Je pense que cela pourrait aider les victimes à évoluer

Marie : quand je dis l’esprit, c’est le mental,

Psy : les mots, les silences, créent chez la victime… on s’approche de l’heure

Mireille : je dis je me sens mauvaise, je suis nulle et mauvaise,

Nicole : par rapport à quelqu’un qui est bien,

Marie : mauvais ou viciée de l’intérieur

Mireille : tu es toujours dans tes livres, tu ne seras pas bonne à tenir une maison

Psy : c’est difficile de se détacher des parents

Nicole inaudible

Marie : mon père ne parlait pas ! … Si ! il a dit : « ah ! elle a un gros cul » c’est-à-dire, elle prend des formes, car elle devient un jeune fille

Psy : Françoise Dolto raconte : à l’adolescence, les seins d’une jeune fille ont arrêté leur développement après une observation humiliante du père.
Sylvette : comment fait cette femme avec son père de qui elle a eu des enfants, et qui adore son père !
Mireille : cela laisse sans voix !