CR 2014

 CR 13/01/2014

 

Nous étions 7 participants avec trois thèmes retenus après le tour de table : l’empreinte, la fragilité et prendre soin de soi.
L’empreinte des actes de violences sexuelles et psychologiques semblent s’inscrire dans les corps, soit par des douleurs physiques, des blessures invalidantes, une  alimentation non équilibrée, la prise d’alcool et de maladies chroniques   par exemple, le dysfonctionnement d’organes digestifs, le diabète… Le sommeil retardé, évité chaque soir et le manque de sommeil sont vécus comme la prise d’une drogue stimulante.
En effet, les ex-victimes répugnent toujours à prendre soin d’elles, tout en sachant intellectuellement ce qui serait bien pour cuisiner et manger équilibré… . prendre soin également de son environnement : vivre dans un appartement rangé harmonieusement.
Tout en se sentant fragiles, les personnes constatent qu’elles possèdent  une sacré énergie.
Tout se passe comme si, le trauma incestueux avait apporté une force étonnante  qui aurait rendu possible le chemin  vers Arevi et ses groupes de parole.

CR 03/02/2014

 

Nous étions 7 participants et nous avons retenu les thèmes suivants :

les thérapies, le sentiment d’être débordé(e), l’inquiétude et le sommeil.

Comment se libérer de l’emprise de l’agresseur ?

S’il est vivant :

– engager un procès : une personne raconte qu’elle a gagné le procès. Soutenue par sa famille, elle va bien aujourdhui

– Rompre les relations

S’il est mort :

– acte symbolique : aller sur sa tombe, non pas pour se recueillir, mais pour acter la mort.

– en thérapie, psychodrame : le tuer  comme un rituel afin de faire enfin le deuil
Mais il reste l’inquiétude de ne pas « rechuter », malgré les actes que posent les participants pour acquérir un mieux-être.

Afin de calmer l’inquiétude, on s’engage dans de multiples tâches,   -nécessaires ou non, – des sorties pour le plaisir des rencontres amicales – avec la culpabilité de laisser de côté le travail ou les obligations diverses. Le sentiment de ne pas faire face est ressenti par tous et toutes.

Le troubles du sommeil sont évoqués, comme si aller dormir, c’était risquer de mourir, et aller au lit pouvait  réactiver la mémoire des actes incestueux de l’enfance.

CR 14/04/2014

Nous étions 11 participants, lundi 14 avril 2014
Les thèmes ont été nombreux : s’autoriser à se faire plaisir  ; la mère ; la colère ; la violence ; la lecture des événements négatifs de la vie ;
– Nous autoriser à nous faire plaisir sans ressentir de culpabilité : serait-ce possible ? dans la mesure où notre agresseur(e) nous a privé (e) de plaisir sain.
– Il reste des événements  d’abus sexuels, un colère jamais exprimée, soit contre le violeur ou la violeuse, ou contre les personnes qui auraient dû nous protéger, la plupart du temps la mère. Certaines mères n’ont pas protégé de l’acte, mais certaines ont reconnu la souffrance de leur enfant au moment du dévoilement de l’inceste.
– Il ressort que des mères peuvent exercer un chantage, jusqu’à la mort en évoquant : «si tu dévoiles, je ne pourrai pas survivre.. tu seras déshérité (e) ». la victime est alors prisonnière de sa mère dont elle n’a pas la force de séparer de sa mère-sorcière,  car elle risque de faire mourir sa mère !
– Il arrive que la colère non exprimée, sorte souvent par un violence retournée  vers soi : des maladies physiques  et psychiques, des conduites à risques (addiction à l’alcool, au sexe, ) et une difficulté à vivre une sexualité épanouie, à s’engager dans une relation amoureuse durable.
– Il arrive que  tout projet personnel, culturel, professionnel, qui n’aboutissant pas, est vécu comme «une preuve » de notre trauma qui nous empêche de nous réaliser dans les différents domaines de  notre vie . Serions-nous toujours en train de nous «saboter », inconsciemment ou consciemment en ne mettant pas toutes les chances avec nous ? Alors, tout échec est ressenti par la victime, comme normal, prévisible, et non vu comme une expérience qui pourrait enrichir ,  mais des pensées  encore agissantes, du style  : » finalement je n’aurais pas dû le faire, c’est normal de tenter et d’échouer ».

CR 28/04/2014

Compte rendu du groupe de parole du lundi 28 avril 2014

Dernier lundi du mois, nous accueillons deux nouvelles personnes proches de victimes : une mère à qui sa fille vient de confier les abus passés de son compagnon, une grand mère qui refuse de voir son petit fils être confié à un grand père qui a abusé de sa belle fille. Une nouvelle victime est également là pour la première fois.

Deux personnes ressources sont présentes : une psychologue qui a écrit une thèse sur la filiation dans le cadre de l’inceste et une art-thérapeute pour victimes d’inceste.

Les thématiques sont : la filiation – la protection – comment s’autoriser au plaisir – les angoisses

Dix sept personnes sont présentes, chacun prendra au moins une fois la parole.
La filiation est une question douloureuse pour les victimes comme pour toute personne prise dans le système incestueux. Comment donner du sens à la position d’une famille qui nie la gravité de l’inceste ?
Comment accepter de voir ce qui est tabou, comment pouvoir entendre et comprendre l’impensable ?

La protection de l’enfant violé n’est pas assurée, l’adulte victime souffrira toute sa vie d’un manque élémentaire de confiance en soi et se retrouvera tout au long de son existence dans des situations de danger, d’abus de confiance qui aggraveront le sentiment d’incohérence connu dans l’enfance.

Qu’est ce que le plaisir de vivre, dans un cadre de vie où le plaisir a été imposé de l’extérieur par un membre de la famille qui s’est donné le droit d’user du corps de l’enfant ? Le plaisir est craint ou recherché frénétiquement, il est toujours source d’angoisse.

Le sentiment d’incohérence existentielle et la perplexité devant le déni de la société provoque des sentiments d’injustice, de révolte, et d’impuissance très douloureux.

Une note d’optimisme est cependant posée par la psychologue présente qui met en évidence que cette rupture de filiation tente d’être réparée par les groupes de parole qui permettent de créer une affiliation.

 

CR 19/05/2014

Compte rendu du groupe de parole du 19 mai 2014

Thèmes retenus en début de séance : le deuil, les relations familiales, la justice et les procès, les relations à la nourriture.

Le deuil est revenu dans plusieurs témoignages. Qu’est-ce que le deuil ?
La mort de l’abuseur (se) représente une réelle délivrance mais efface-t-elle toutes les souffrances du passé incestueux. Nous le voudrions bien, la mort sera-t-elle libératrice des actes incestueux. Si ce n’est la mort, ce peut être le deuil par une disparition (sans laisser d’adresse de l’abuseur).
Le procès qui acte les actes commis par l’abuseur et sur sa victime mineure, sont importants pour la réhabilitation personnelle et sociale de la personne victime. Cela participerait-il au processus de deuil ?
Mais si le deuil n’existait pas et que nous gardions en mémoire tout ce qui nous a construits (événements heureux et malheureux, souvent difficiles à discerner par certaine victimes), ce serait plutôt une intégration de ces évènements.
Ce vécu douloureux au contraire semble permettre d’apprécier les petits moments positifs comme un rayon de soleil, les chant des oiseaux, les fleurs… Allons même jusqu’à dire que ces capacités seraient plus développées chez les ex-victimes.
Des personnes ont évoqué qu’elles avaient été droguées avant d’être abusées, mais qu’elles avaient de réelle difficultés à le reconnaitre pour elle-mêmes, tellement, c’est impensable. Le principal questionnement pour avancer : quelle thérapie choisir ? laquelle sera efficace, le psy consulté sera-t-il apte à comprendre ?
Une belle reconnaissance sociale serait la mise en place d’un mémorial (virtuel ou réel) où chaque victime non reconnue à cause de la prescription de la loi (entre autre) pourrait être répertoriée et peut être se sentir réhabilité dans son histoire. Il faut rêver ! Mais nous avons le groupe de parole Arevi, chaque semaine qui nous soutient.

CR du 23/06/2014

Thèmes : fratrie / frères et sœurs, urgence, été /vacances, reconnaissance

Nombre de personnes : 9

La fratrie a été abordée au sens large, frères, sœurs, cousins et cousines. La difficulté de parler avec eux du problème de l’inceste, qu’ils aient été témoins eux-mêmes des faits dans leur jeunesse ou que le problème leur a été révélé. Ils ont parfois eux-mêmes des problèmes à créer un couple ou ont acté un éloignement du couple parental. Le contact est définitivement rompu si l’un d’entre eux est l’abuseur. L’urgence a été abordée dans le fait d’agir toujours à la dernière minute à maintes occasions pour un déménagement, pour des démarches administratives, pour des vacances. L’urgence apparait aussi lors de remontées de souvenirs, d’hospitalisations par manque de sommeil. Les vacances sont souvent difficiles à envisager car c’est dans cette période souvent que les abus ont été les plus fréquents. La reconnaissance n’est absolument pas envisagée dans la famille lorsque le lien a été rompu. A été évoquée une forme de reconnaissance en prenant soin de son enfant intérieur blessé par des techniques de méditation par exemple.

CR 29/07/2014

 

Compte Rendu du groupe de parole de lundi 29 juillet 2014
Après le tour de table, nous avons retenu plusieurs thèmes : le deuil, les thérapies et les possibilités de changement, la santé.
Vivre un deuil, c’est vivre une séparation, ce n’est pas si facile de «penser » à savoir se séparer.
Les thérapies : nous nous demandons si elles permettent de réaliser de véritables «progrès » personnels ?
Il nous semble, malgré des approches  diverses, qu’un «noyau dur » persiste, comme si nous ne pouvions pas l’attaquer.
Au fond, on ne se change pas mais, elles nous ont sans doute permis d’oser participer aux rencontres du lundi.
Un lien est établi entre ce qu’ont représenté nos parents à un niveau symbolique et l’état Français au travers de ces diverses institutions. Dans notre enfance, nos parents (qui était des instances supposées bienveillantes) ne nous ont pas protégé de l’inceste. De même, l’état joue t’il son rôle d’instance protectrice par sa médecine présentée comme « moderne » ?  Elle utilise des moyens d’investigation très sophistiqués et préconise des remèdes chimiques. Souvent, ceux-ci ont des effets secondaires plus importants que l’amélioration attendue. A terme ces traitement invasifs finissent par être le facteur principal de la dégradation de notre état de santé et ce qui était supposé nous guérir devient finalement une cause supplémentaire de mal et de souffrance !
En dernier lieu, nous avons évoqué notre chance de pouvoir échanger librement, chaque semaine, aux groupes de paroles d’Arevi. Les difficultés rencontrées dans nos vies quotidiennes sont partagées par la plupart des participants. Ce temps au centre «Cerise » est un moment privilégié et exceptionnel pour échanger sur les séquelles de l’inceste, et aussi, sur tout aspect intime de notre vie. Cela nous permet de découvrir que certes, nous avons nos difficultés propres liées à notre traumatisme, mais que nous rencontrons aussi les mêmes freins, les mêmes blocages ou pesanteurs présents dans notre environnement au sein de la société française actuelle.
Cette prise de conscience clos notre rencontre avant le temps de vacances (séparation) du moi d’août, en attendant la reprise le 9 septembre à 19h 30 pour l’accueil (nouveaux horaires de la rentrée 2014).

CR 22/09/2014

Compte rendu du groupe de parole du lundi 22 septembre 2014

Les échanges ont porté ce soir sur les rapports avec la famille. Nous avons évoqué comment les personnes victimes ont tenté d’exprimer ce qu’elles avaient subi pendant leur enfance, avec la difficulté de dire, mais aussi la difficulté de se taire, quand l’autre n’est pas prêt à écouter et considère, au mieux, qu’il faut tourner la page. Le silence s’installe alors, envahissant des territoires entiers de la personnalité de la victime, qui se sent amputée, même avec ses proches.
Des expériences ont pu être partagées de courriers reçus de la part de la famille, espoirs d’un dialogue enfin authentique, d’une reconnaissance, même tardive, du mal accompli, mais espoirs vite déçus avec des textes émaillés de banalités et de citations sans intérêt, sans intériorité.
Des changements, cependant, s’opèrent grâce à un conjoint bienveillant, à des séances de thérapies plus réussies, à des projets imaginés, aux ressources intérieures infinies dans lesquelles chacun peut puiser pour se régénérer.

CR 06/10/2014

 

Les thèmes retenus après le tour de table : la vie de couple, le sommeil, et « aller bien ».

Il a été d’abord été évoquer la vie de couple avec les séquelles de l’inceste durant l’enfance : faut-il dire à son compagnon ce que l’on a vécu, sans risquer la rupture du couple ? comment intégrer cette souffrance, faut-il la partager en couple ? Est-il possible d’avancer tout de même dans la construction du couple ? et aussi comment se protéger soi-même dans un couple où l’autre est ressenti comme dominant et harceleur.
Que faire de notre traumatisme toujours présent ? Comment gérer les problèmes de sommeil, d’angoisses récurrentes?

Des solutions ont été évoquées : en parler dans des structures d’écoute bienveillantes comme les groupes de parole, ou à un thérapeute, ou à des proches de la famille ou des amis. Mais c’est aussi courir le risque de ne pas être entendu dans sa souffrance, de se sentir abandonner. Ne pas être entendu, peut ajouter à la douleur toujours active. C’est pourquoi, certaines personnes n’en parlent jamais au risque de tomber malade (dépression, et autres somatisations…).

Aller bien ? c’est se maintenir entre l’état dépressif lié à notre grande souffrance non cicatrisée (en se soignant) totalement et l’état de bien-être que l’on peut atteindre si on « met de côté » notre passé traumatique. Quelle que soit notre histoire, nous avons le droit de vivre de façon sereine, en sécurité et de connaître le bonheur.

CR 03/11/2014

Compte rendu du Groupe de parole du 3 novembre
Nous avons retenu de parler de l’angoisse et du consentement.
L’angoisse est une sentiment lié tout simplement à la condition humaine. Nous avons réfléchi en quoi le vécu incestueux de notre enfance accentue les sensations de profonde anxiété et d ‘angoisse difficiles à surmonter.
Des pistes thérapeutiques ont été évoquées, notamment la psychologie cognitive et comportementale. Il s’agit de nous programmer autrement ? pour atténuer les douleurs de l’angoisse liées au stress post-traumatique.
«Qui ne dit mot consent », c’est ainsi que les ex-victimes de l’inceste se souviennent de leur «consentement » aux actes sexuels. Ceci étant le résultat de l’emprise de l’adulte abuseur (père, frère, beau-frère) sur l’enfant confiant, au début de la relation, surtout… envers la personne de sa famille  (ou proche) qui manifeste de l’intérêt pour lui.C’était  vécu plutôt rassurant que quelqu’un s’occupe de nous, sauf que cet adulte n’a pas été capable de respecter la loi de l’interdit de l’inceste. et tout à basculé dans l’horreur.
Juridiquement et légalement,  le consentement existe entre entre 2 adultes qui s’engagent. Par lors du mariage, le représentant de l’état civil demande : «Consentez-vous à prendre pour époux(se)…Monsieur ou Mademoiselle …? “
Encore une fois, nous avons constaté qu’il est libérateur de trouver des temps et des lieux pour découvrir que nous ne sommes pas seul(e)s à exprimer tous ces ressentis  parfois ambivalents.

Thèmes : liens avec la fratrie, relations d’emprise, rôle de bouc-émissaire, inéluctabilité, fatalité….

 

CR 10/11/2014

5 personnes étaient présentes.
Ont été abordés les liens avec la fratrie : leur indifférence et manque de soutien qui blesse si l’abus de la victime leur a été exprimé, ou leur déni  de situation de victime aussi, ou le doute sur leur situation de victime aussi ou de témoin ou de complice. La victime qui parle est dans une situation de rejet et en même temps souvent remise dans un rôle dans la famille car c’est elle aussi parfois qui assure, sur qui on peut compter lorsque des difficultés se présentent, par exemple il lui est demandé ou elle accepte de s’occuper d’un frère ou d’une sœur qui est malade ou alcoolique. L’emprise est donc encore là, tout en lui demandant de se taire. Des manifestations physiques continuent de s’exprimer longtemps après, lors d’une visite du lieu d’enfance ou dans sa vie quotidienne. L’énergie propre de l’individu victime a – t-elle aussi  été atteinte par les traumatismes ou des pratiques de sorcellerie de la famille ou des entités décédées dont on ne parle pas?

 

CR 24/11/2014

 

CR du groupe de paroles du 24 novembre 2014

Thèmes : réunions de famille, médecines alternatives

A l’approche des fêtes de fin d’année les réunions de famille anciennes ou à venir ont été racontées. Pour certains les fêtes de Noel de l’enfance restent marquées par des détails positifs : la lumière, les cadeaux, la danse. Pour d’autres reste le souvenir que ces fêtes étaient un leurre, un moment faux avec plein de cadeaux pour prouver l’amour d’une famille normale. Pour des femmes mariées les fêtes ont pu être vécues dans une certaine joie de longues années en les  passant dans la famille de leurs époux, familles de remplacement. Pour d’autres depuis longtemps c’est l’occasion de les passer avec d’autres célibataires ‘endurcies’ ou chez des familles de cœur. Il apparaît que pour ces moments il devient difficile de laisser la mère plus ou moins âgée, qu’elle soit plus ou moins encore dans le déni. Une femme le passe avec sa mère et sa grand-mère à une date décalée pour que cela se passe mieux. D’autres s’organisent pour définitivement ne pas le passer dans une famille mais pour s’accorder un temps pour eux-mêmes. Les médecines alternatives ont été peu évoquées, mise à part la pratique de la méditation pour un bien-être ou mieux-être.