CR 2012

 CR 10/12/2012

Nous avons évoqué la dépendance aux médicaments et, l’aide aux autres victimes.

D’abord les antidépresseurs, les anxiolytiques, les régulateurs d’humeur.

Des participants ont témoigné d’épisodes de vie en hôpital psychiatrique, avec une prise « intensive » pour atténuer des angoisses insupportables, parfois accompagnées de désir de suicide. Les « médicaments » tout en atténuant les douleurs mentales amènent une « vie de légumes ». De là, à ne plus vouloir retomber dans cet état sans angoisses, certes,  mais sans vie émotionnelle, c’est à dire sans vie. Mais que faire quand on se sent mal,que des souvenirs de l’enfance réapparaissent ? réessayer des antidépresseurs, voir des thérapeutes « adéquats » (ils seraient rares, ceux qui sont prêts à entendre)

D’autres personnes ont  raconté l’aide de personnes de la famille qui ont entendu la détresse de la jeune victime, par exemple des grandes promenades dans des parcs au milieu des fleurs. Ce soutien a permis la sortie de dépression sans passer par l’hôpital.

Puis des médicaments pour la santé physiologique

D’autres n’ont jamais pris de médicaments psychotropes (ou si peu), parce qu’elles allaient toujours bien ! en apparence. Ceci masquait en fait un état dépressif masqué. Etat dépressif  guéri par la nourriture en excès. Le corps a répondu en développant une maladie métabolique : diabète + hypertension + hypercholestérolémie avec des médicaments à vie et une prise en charge à 100% par la sécurité sociale : une autre dépendance  !

En conséquence, nos souffrances liées à l’inceste nous rendent capables d’aider l’autre, les autres à titre personnel ou par le biais d’association. Certaines ex-victimes sont devenues plus combattives et hésitent moins à porter plainte (main courante) au commissariat, dans des cas de harcèlement au travail ou dans le voisinage.

 

CR 26/11/2012

Nous étions 7 participants. Après le tour de table, nous avons retenu les thèmes suivants : l’inceste et le transgénérationnel, le silence, les conflits dans le monde professionnel

Une victime d’inceste n’obtient que très peu souvent la reconnaissance par ses proches de sa souffrance. Certains parents et autres proches abuseurs ou violeurs sont en effet dans le déni de violences qu’ils ont eux-mêmes, parfois, subies.

C’est pourquoi, l’inceste est la plupart du temps une affaire transgénérationnelle où la victime, si elle peut avoir accès à sa généalogie, relève de graves dysfonctionnements familiaux antérieurs ou, même, encore présents.

L’absence de protection dans l’enfance d’une victime d’inceste fragilise aussi la construction de l’adulte qui n’a pu avoir de référent pour grandir et se sentir épanouie.

Par conséquent, comme si elle devait inventer sa vie, une victime d’inceste, une fois adulte, parle afin de briser la chaîne des relations malsaines, et pour que les abus et viols – perpétrés encore chez certains membres de sa famille- cessent.

Une victime d’inceste, en subissant le silence des parents qui n’ont pas voulu voir et dénoncer devient hypersensible au mal-être ambiant – qu’il soit d’ordre professionnel ou relationnel – et éprouve donc le besoin d’en parler afin d’y mettre fin.

Fonder son propre foyer peut, pour une victime d’inceste qui a réussi à le faire, être le moyen de créer une nouvelle histoire où protection, respect et amour soient la règle.

 

CR 22/10/2012

Trois thèmes de départ sont retenus : se positionner ou prendre sa place, la peur de reproduire l’inceste, la peur de l’autorité.

Retrouver sa place, dans la famille, dans la société après un vécu de victime d’inceste, est-ce possible ? Il y a la peur de reproduire soi-même des actes déplacés avec ses enfants. Certaines ont préféré ne pas mener à bout une grossesse, pour ne pas risquer de devenir une mauvaise mère et surtout ne pas faire revivre  ce que l’on a vécu durant l’enfance, notamment avec un(e) conjoint(e) .Dans ce cas, la solitude a paru préférable à une vie de famille pervertie, même si ce n’est pas sans regret.

D’autres ont évoqué la difficulté de trouver la bonne distance avec ses enfants pour leur apporter le soutien affectif nécessaire pour qu’ils grandissent et se construisent en tant qu’adultes responsables socialement. On oscille entre souci de protéger notre enfant, et  difficulté à se monter proche, affectueux, car on se souvient des sensations d’étouffement de nos proches. Mais la trop grande distance peut constituer un « handicap » du toucher tellement on ne veut pas rejouer les comportements risquant d’être intrusifs.

Chez l’adulte, la peur de l’autorité (face à la police par exemple) rappelle la soumission ressentie lors des actes de l’enfance. C’est insupportable !

Pour lutter contre ces retours, même si on se dit qu’il y aura forcément des conséquences à vie, on évoque encore une fois la parole : parler ici, porter plainte contre ceux qui abusent (voisins), parler à ses enfants…

 

CR 24/09/2012

24 septembre 2012 : 3ème Groupe de parole depuis la réouverture du centre Cerise.

Depuis la rentrée, le thème de « l’argent » est redondant a été « parlé à chaque séance, à côté de l »a vie de couple et la violence », « faire comme si… » ce qui est attendu d’un procès » et « la reprise de la dynamique de vie ».
D’un procès est attendue la reconnaissance de la souffrance et de la maltraitance de l’enfant abusé en manque d’affection et de soutien. Peut-être aussi un travail de deuil pour la victime qui ne peut rien changer au passé, si ce n’est de l’accepter afin de le dépasser et de s’autoriser le droit au bonheur.
Divers questions à propos de l’argent : manquer toujours d’argent et ressentir le besoin de dépendance vis-à vis de la famille maltraitante. Se mettre toujours en situation de stress lors du manque d’argent, comme une sorte d’addiction. Au contraire ne pas manquer d’argent pour conserver son indépendance mais au détriment de soi (difficulté pour dépenser pour acheter des vêtements). Aussi une sorte de surprise de recevoir le salaire gagné par son travail professionnel. Cela évoque-t-il l’argent donné ou offert par l’abuseur ?  »

D’autres personnes ont évoqué la reprise d’activités sportives « bonnes pour le moral » comme la natation, la marche…

 

CR 23/07/2012

Thèmes retenus: les séquelles, le travail/le non-travail, la sexualité.

La souffrance au contact de la lâcheté des autres, des silencieux, des non-agissants. L’appartement, qui serait un espace régénérant, ou qui serait notre corps.
La difficulté de penser/vivre la sexualité, au moment de la rencontre amoureuse.
La douleur d’être reconnu invalide, à cause des séquelles de l’inceste.
Qu’est-ce qui est la part de l’inceste, la part de notre personnalité ?
La peur, vécue comme une assurance contre les pervers : un bon moyen pour les détecter et les fuir.

 

CR 16/07/2012

Nous étions 8 participants lundi 16 juillet

Thèmes choisis : la solitude, l’emprise, les enfants et le sourire comme obligation imposée par la société.

La solitude difficile à supporter, en tant que parent, quand les enfants sont loin de nous. La solitude face à nos souffrances, notre mal-être, notre difficulté à mettre un pied devant l’autre.

La solitude face à nos amis et à notre famille, à ceux qui nous veulent du bien et voudraient nous voir sourire sans cesse.

Quand, où, à qui, dire nos souffrances passées, nos empêchements d’aujourd’hui à être comme les autres ?

Et nos amis, comment font-ils pour ne jamais se plaindre, pour porter aussi facilement le masque ?  Mais nous pouvons-nous écouter les autres sans avoir été reconnu(e)s – sans pitié- dans notre souffrance d’enfant ?

L’emprise, durant l’enfance, la répétition à l’âge adulte. L’inceste répété sur nos enfants.

Comment les aider ? En commençant par nous aider nous-mêmes.

La bienveillance des uns soulève l’agressivité, le ras-le-bol. Voire la pression. Qu’est-ce que l’autre devine en nous ?

Veut-il entendre l’inceste subi et la résilience ?

Dire l’inceste à nos enfants. A quel moment ?

Les enfants si perspicaces, aux questions percutantes, qui nous font nous sentir à notre place.

La difficulté du temps du repas du parent, parfois, avec leurs enfants.

Quand le travail s’arrête et qu’arrive le temps des vacances, la douleur des larmes, sans crier gare et devant d’autres. Une nouvelle honte ? ou une expression des sentiments si longtemps retenue au fond de soi  ?

 

CR 25/06/2012

Nous étions 5 participants ce soir.

Thèmes abordés : la rencontre, où et à qui parler de l’inceste, l’espoir.

Même une fois la thérapie terminée, il peut y avoir des moments où l’on ressent le besoin de parler .. Mais où et vers qui se tourner ? Le groupe semble être un bon endroit pour cela.

L’espoir vient avec l’observation des progrès et réussites du quotidien. Une distance arrive à être mise avec le passé. Malgré tout, les peurs peuvent encore être là et la rencontre est souvent difficile. Il semble qu’il faille toujours faire des efforts pour aller de l’avant. Pourtant le besoin de se « poser » est vivement ressenti.

 

CR 11/06/2012

Nous avons évoqué, la peur, la culpabilité et les répétitions.

Les abuseurs font régner la peur non seulement sur les victimes-enfants, mais aussi sur toute la famille qui bien souvent se tait. La famille n’essaie pas de protéger la victime : au contraire elle joue le rôle de complice passif. Dans la vie amoureuse d’adulte, le risque de tomber sur des pervers est évoqué. Porter plainte, aujourd’hui contre des ex-compagnons violent permet de se guérir de l’enfant soumis et muet. En effet parler au juge s’assimile à une thérapie qui permet d’être entendue.

Il faudrait pouvoir exprimer un message d’espoir  constructif : « j’ai été victime d’inceste durant mon enfance et pourtant j’ai pu réussir ma vie, je n’ai pas tout raté ». Mais il est difficile d’oser dans une société pas prête à entendre.

La culpabilité vient de la prise de conscience qu’il y a autour de soi, des enfants maltraités, et de notre incapacité à protéger, dans la mesure où nous n’avons pas de certitude d’abus sexuels incestueux.

 

CR 30/04/2012

Nous étions 4 ce soir, dont un proche de victime (pas de nouveaux).

Thèmes choisis après le tour de table : le suicide et le détachement par rapport à la réalité.
Le thème de la « transmission » de l’inceste au sein de la famille et par-delà les générations a été largement abordé. Il ne s’agit pas forcément de transmission au sens de répétition mais transmission d’un malaise (malaise pouvant conduire à un comportement suicidaire au sein de la famille par le non-dit, le silence, et l’apparition de « trous » dans l’histoire de la famille).
Certains pensent que le fait de parler à un moment donné stoppe cette transmission ; d’autres pensent que non, que les non-dits sont toujours là car l’abus en question est finalement indicible. « On en parle une fois et on l’ignore ». Révéler ne suffit pas. Ensuite, l’inceste retombe dans le silence de la famille et de la société.
Il semble que la façon la plus judicieuse soit « simplement » de raconter son vécu personnel en espérant que cela puisse aider – ou non – ou faire réagir -ou non- nos interlocuteurs.

 

CR 23/04/2012

Nous étions 4 participants ce soir (pas de nouveaux).
Thèmes choisis : le temps de la justice (par opposition au temps des hommes), la peur.
Pour certains, le temps que met la justice à juger l’affaire peut les aider à « digérer » les choses, en abordant les choses par étape.
La peur a été largement abordée. Certains en font la liste : peur des autres, de tomber enceinte, de le vieillesse, de perdre son emploi, de ne plus avoir d’argent … . La peur peut se transformer en panique. On parle parfois de « peur viscérale », comme si le corps avait intégré en lui la peur. Est-ce que ces peurs proviennent de l’abus ? Certains pensent qu’il faut se confronter à toutes ses peurs pour pouvoir les surmonter. D’autres essaient d’avancer malgré tout mais cela est difficile de faire des efforts en permanence.

 

CR 26/03/2012

Nous étions cinq ce soir (pas de nouveaux participants, ni de proches de victimes).
Les thèmes choisis après le tour de table sont : l’hérédité, la colère et l’agressivité.
– On peut parler d’un certaine hérédité dans la mesure ou certain(e)s ont l’impression que les générations d’après l’épisode incestueux, les souffrances perdurent dans leur famille : cela se traduirait par des difficultés à se construire ou des difficultés à vivre avec des tendances suicidaires… comme une impossibilité de retrouver une sérénité de vie.
– Il arrive que les colères soudaines chez les victimes surviennent dans leur vie d’adulte, comme s’il y avait un trop-plein. Ce qui n’a pu être exprimée peut surgir à tout instant de vie suite à un événement déclencheur. Une culpabilité suite à ces colères peut apparaître chez l’ex-victime dans la mesure où la personne qui reçoit cette violence n’y est pour rien. La culpabilité serait de faire « payer à nos proches d’aujourd’hui qui sont plutôt bienveillants. La colère n’est pas perçue par la victime comme telle, mais plutôt comme un signe de vie ou d’expression de soi. Ceci peut provoquer incompréhension et points de discorde avec l’entourage.
– A contrario, observer un comportement agressif chez quelqu’un vis-à-vis de soi (agressivité que l’on comprend mal) peut servir de miroir et aider à prendre conscience de ce que nous pouvons être parfois, agressif(ve) aussi.
-Il a été évoqué aussi la solitude, l’impossibilité à dire dans un groupe, une famille qui n’est pas apte à entendre.
Du travail reste à faire pour nous faire reconnaître socialement.

 

CR 13/03/2012

Nous étions 10 participants ce soir.
Les thèmes choisis, suite au au tour de table, ont été les suivants : les rencontres, les symptômes, l’absence à soi-même.
Les rencontres amicales voire amoureuses sont difficiles et génératrices de stress en raison de la forte affectivité qui surgit. Que dire à l’autre au début de la rencontre sur son passé ? Rien ? Ou raconter notre histoire incestueuse au risque de le (la) voir prendre la fuite ? Il est vrai que notre vécu est tellement impensable et indicible qu’il peut effrayer l’autre dans la mesure où il (elle) se sent impuissant(e) à soulager la personne en souffrance. Comment faire avec sa vérité tout simplement ?
Les séquelles de l’inceste ont été largement évoquées : symptômes fréquemment rencontrés et abordés : dissociation et absence à soi-même (comme si la victime devenait spectateur de sa vie), repli sur soi, évitement, symptômes physiques (comme psoriasis, eczéma et douleurs diverses), passivité dans la vie quotidienne et absence de prise d’initiative, volonté de devenir invisible (par exemple dans les foules des grandes villes, on peut être incognito), problèmes d’alimentation (restriction ), difficulté de mener une vie à deux…

 

CR 27/02/2012

Nous étions 9 participants dont 2 proches de victimes ce lundi 27 février 2012.

Les thèmes retenus : le tabou, la relation à l’autre, la mise à distance (soit de notre histoire traumatique, soit des autres), la peur.

Nous avons parlé du tabou dans les familles où certain(e)s savent mais où personne ne dit rien. En fait, on ne sait pas qui sait. Connaître la vérité pour un proche est un trop lourd fardeau dont il ne sait que faire. Les victimes qui devraient avoir besoin de soutien taisent aussi leur honte. Et les autres proches qui voudraient aider ne peuvent le faire à cause du tabou. Le silence est une chape de
plomb dans les familles.

Les peurs sont réactivées dans le cas où l’affaire est portée en justice et aussi quand l’abuseur qui a purgé sa peine va sortir de prison.
La peur – voire l’effroi – de l’autre, de partager une trop grande intimité et de ne pas pas savoir dire non, nous empêche une amitié, une amitié amoureuse, une relation amoureuse de se mettre en place. Pourtant, nous avons besoin de nous sentir aimé(e)s, reconnu(e)s, tout simplement d’exister affectivement.

Acte symbolique évoqué : se rendre sur la tombe de l’agresseur.

 

CR 30/01/2012
Nous étions 8 participants ce soir, dont un proche de victime.
Thèmes abordés : les flash-backs/les réminiscences et le courage de s’affronter à l’autre (au sexe opposé).
Le rapport à l’autre a été largement abordé, dont les rapport aux personnes à qui les victimes se confient. Souvent, le fait de parler des abus à autrui ne provoque pas chez l’autre les effets espérés. Certaines victimes préfèrent ne plus en parler. En revanche, les victimes peuvent chercher chez l’autre l’élan de vie salvateur en cas de difficultés.
Pour les proches de victimes, le sentiment d’impuissance est évoqué.